Ariane, diététicienne « Prendre conscience de sa vocation à 40 ans, cela peut aussi être un atout ! »

HEC, une première carrière dans un grand groupe suivie d’une deuxième en tant que consultante : à 40 ans, Ariane Grumbach fait le point et décide que sa vraie vie est ailleurs. Laissant parler la passion qui l’anime, elle se lance dans un BTS Diététique. Aujourd’hui, elle qui se définit comme une  ‘’diététicienne du plaisir de manger’’ exerce son nouveau métier en libéral, anime un blog très suivi et se voit régulièrement sollicitée par les médias.

_DSC6844Petite fille timide, Ariane passe son enfance dans les livres, qu’elle dévore avec passion. Excellente élève, elle obtient son Bac C (S), enchaîne sur une classe préparatoire et intègre HEC, « presque par défaut, car je n’avais pas de réelle vocation » raconte-t-elle. Son premier stage dans une multinationale la confirme dans l’idée que le marketing produit n’est pas sa tasse de thé et, lorsqu’un grand groupe lui propose un poste de jeune cadre généraliste, elle accepte. « C’était concret, humain, je rencontrais du monde. J’ai refusé une opportunité au contrôle de gestion pour finalement m’occuper des études marketing auprès des clients ». Au bout de 11 ans, mettant à profit cette expérience, Ariane se dit qu’il est temps de bouger et rejoint une SSII comme consultante en relation client. « Le métier s’est révélé porteur de contraintes commerciales et informatiques qui ne me passionnaient guère, même si j’appréciais le travail en équipe, très enrichissant. J’ai donc basculé rapidement vers de l’accompagnement du changement. Cela me plaisait plus, mais ce n’était pas encore ça, et mon investissement dans les missions était honnête, sans plus » se souvient-elle.

 « J’ai trouvé l’idée de mon nouveau métier en surfant sur un site pour lycéens »

Au bout de cinq ans, cette insatisfaction latente commençant à lui peser, Ariane fait un bilan de compétences. Elle imagine vaguement qu’elle est faite pour une carrière dans les ressources humaines, mais aspire à autre chose sans savoir encore à quoi. C’est alors qu’écoutant le conseil d’une amie, elle se met à surfer sur les sites d’orientation destinés aux lycéens. « Je suis tombée sur ‘’diététicienne’’ et cela a été une révélation. La gourmandise et l’humain réunis dans un métier, c’était pour moi ! Certes, mes parents m’avaient donné le goût des bonnes choses, et l’art de bien manger fait partie de ma vie depuis des années,  mais cela ne m’avait pas effleurée ». Ariane s’inscrit au CNED pour passer son BTS par correspondance, sans effectuer la mise à niveau conseillée en math et biologie. Du coup elle rame, car son bac date un peu et que ce cursus est très scientifique. Comme elle ne sait pas du tout si cette aventure débouchera sur une nouvelle carrière, elle conserve parallèlement son job et consacre alors ses soirées et ses WE exclusivement à sa formation. Tout cela sans en parler à personne, car seul son compagnon et ses parents sont alors au courant.

« Mon meilleur soutien est venu d’un forum sur internet »

Sa mère s’inquiète de la voir, à terme, « lâcher une belle situation » tandis que son père, très pragmatique, lui propose de l’aide pour réviser la biochimie. Quant à son conjoint, il est pour l’idée de reconversion, tout en trouvant que le choix d’Ariane n’est peut-être pas assez radical. Ce n’est pas grave : elle est tellement occupée qu’elle n’a pas le temps de se poser des questions. Si elle constate avoir avancé très seule pendant cette période (malgré le système de tutorat du CNED), elle reconnaît avoir trouvé un soutien exceptionnel via un forum sur internet regroupant des étudiants comme elle, dévoués et disponibles, qui lui ont notamment donné les bons tuyaux pour trouver des stages. « Sur ce forum, nous partagions nos galères, nos doutes, nos points de blocage. Ce fut une formidable bouée de sauvetage dans les moments difficiles » confesse-t-elle. Pour effectuer ses stages justement (en collectivité, en milieu hospitalier, en hôtellerie/restauration), Ariane prend de longs congés sans solde sans donner de raison à son employeur, ce qui est à l’origine d’un gag au printemps 2007 : « J’ai été absente juste au moment de la campagne présidentielle et, dans ma société, la rumeur a couru que je faisais partie de l’équipe rapprochée d’un des candidats » plaisante-t-elle.  A l’automne 2007, après deux années d’études, elle décroche son diplôme et décide de le compléter par une formation avec le G.R.O.S.*, tout en donnant ses premières consultations, par bouche à oreille et sans avoir encore de cabinet. « Début 2008, j’ai passé la vitesse supérieure : je suis allée voir mon patron et j’ai demandé un temps partiel pour création d’entreprise, chose qu’il n’a pu me refuser (c’est la loi) ».

« J’étais tellement passionnée que j’avais envie de partager mon enthousiasme »

A l’été 2008, c’est le démarrage : désormais salariée à mi-temps, Ariane s’installe en parallèle dans un cabinet à proximité de Saint-Lazare et commence à se constituer une clientèle. Son blog, créé en mars 2008, fait des débuts prometteurs. Mi-2009, elle réduit encore son temps partiel à deux jours par semaine, avant de quitter définitivement la société début 2010 pour pouvoir se consacrer pleinement à son nouveau métier. Elle prend son bâton de pèlerin et va rencontrer les médecins prescripteurs du quartier, généralistes, cardiologues notamment, afin de se faire connaître. Au-delà de la promotion classique, Ariane se met aussi à faire quelque chose de nouveau pour elle : « j’ai commencé à ‘’réseauter’’,  moi qui n’avais jamais ressenti ce besoin avant. Là, c’était différent, j’étais tellement passionnée que j’avais envie de partager largement mon enthousiasme. Réseaux professionnels, réseaux féminins, virtuels et réels, je me suis mise à rencontrer une multitude de personnes avec un plaisir extraordinaire. Enfin, pour compléter mon blog, je me suis inscrite sur Twitter, qui s’est aussi révélé une formidable source de contacts » raconte-t-elle. Mais ce tourbillon si euphorisant  menace alors de l’engloutir tout entière : avec l’aide d’un coach, Ariane refait alors le point sur ses réelles priorités. « Cela m’a aidé à me recentrer sur la notion d’envie et de plaisir. Aujourd’hui, même si mon niveau de vie a considérablement diminué, je n’accepte aucun projet par contrainte financière. Que j’accompagne un particulier, que je donne une conférence ou que j’anime un atelier en entreprise, tout doit être en phase avec les messages que j’ai envie de véhiculer » précise-t-elle.

« J’ai enfin le sentiment d’être à ma place »

Si elle doit dresser un premier bilan, Ariane se dit totalement satisfaite. « En cinq ans j’ai atteint, voire dépassé, mes objectifs de départ. En termes de revenus, rien à voir avec mon ex-salaire de consultante, mais pour ce qui est de l’épanouissement, c’est incomparable ! Moi qui étais dans le temps plutôt réservée sur ma vie professionnelle, maintenant dans les dîners je suis intarissable. J’adore mon métier, j’adore être mon propre patron, j’adore toutes les perspectives que m’offre ma nouvelle vie, les marges de progression que j’ai et les formations que je continue à faire ». Sa philosophie ? Ne pas rester statique, élargir son approche, s’ouvrir en permanence à de nouvelles choses, en bref continuer à avancer ! « Aujourd’hui, j’ai enfin le sentiment d’être à ma place » précise-t-elle dans un sourire. Et dans dix ans ? « Aucune idée ! Peut-être aurai-je d’ici là écrit des livres, peut-être ne travaillerai-je plus que 4 jours par semaine ? Je vais en tout cas veiller à ne pas me laisser dévorer par ma passion. Au quotidien, je continue à lire beaucoup, à aller nager et à regarder de temps en temps des séries, trois activités qui me vident la tête lorsque je suis en surchauffe ! ».

_DSC7010 « Se ménager du temps pour prendre du recul »

Alors, Ariane, des conseils pour les candidats à la reconversion ? « A mon sens, c’est une possibilité qui s’offre à chacun d’entre nous. Mais il faut prendre le temps de réfléchir, se ménager du temps, même si on a une vie très remplie, afin de prendre du recul. Ensuite, livrez-vous à une sorte de brainstorming sans rien censurer : de quoi avez-vous envie ? Quelles sont vos contraintes ? Moi, par exemple, je ne me voyais pas refaire 5 ans d’études, 2 c’était un maximum. Pour ma part, j’étais propriétaire de mon appartement et je n’avais pas d’enfants, ce qui me donnait une bonne marge de manœuvre, à la différence de ceux qui ont charge de famille et des frais de logement ! Ensuite, je conseille d’y aller étape par étape et de se fixer des objectifs réalistes en fonction de son tempérament. Et surtout de ne pas écouter les gens qui essaient de vous freiner sous couvert d’être raisonnables… Je crois au fond qu’on a toujours le choix, qu’on n’est jamais totalement prisonnier des choses » conclut Ariane.

* G.R.O.S. (Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids)

Retrouvez Ariane sur son blog http://ariane.blogspirit.com
Et sur son site internet http://www.arianegrumbach.com/
Twitter.com/ArianeGrumbach

 Texte Corinne Martin-Rozès / Illustration © Maud Benaddi / Photos © Mathilde Vaccaro

— Texte et images ne sont pas libres de droit —



Catégories :Reconversion

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9 réponses

  1. Je vais souvent sur son blog car j’aime sa façon de voir la vie et de parler de la gourmandise.
    Votre portrait est très bien.

  2. Très très beau parcours, bravo Ariane !
    Tu as su réunir tous les ingrédients pour une reconversion réussie et épanouie: passion, détermination, méthode, astuces, coaching, vision long terme, écoute de soi et intelligence dans l’action !
    Bref, tout ce qui nous inspire chez Cap Cohérence lorsque nous accompagnons des candidats à la reconversion professionnelle !
    Encore bravo et merci Corinne pour ce témoignage dynamique et inspirant !

  3. Oh merci David, Séraphine (sympa de vous retrouver ici), Charly (waouh, tout ça, je n’avais pas réalisé !), ravie que ce récit vous ait intéressés et j’espère qu’il sera source d’inspiration pour convaincre certains qu’il n’y a pas de voie définitivement tracée. Ariane

  4. Bravo Ariane, cette ouverture d’esprit et cette écoute de soi sont des facteurs qui permettent de se réaliser.
    Même après un parcours professionnel, une situation confortable que certains nous envient,il est important de se remettre en question et de foncer vaut mieux des remords que des regrets. L’optimisme et la motivation nous permettent d’y arriver. Je suis moi même en train de vivre un brainstorming suite à un burn out après 20 d’exercice en tant qu’infirmière. Avec l’aide de ma coach j’ai réaliser que c’est une évidence pour moi de reprendre mes études et me former en diététique (DUT).
    BONNE CONTINUATION A VOUS!!!
    Yamina

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