Après une première vie professionnelle dans la communication, Deborah Schouhmann Antonio a totalement changé de voie. Aujourd’hui thérapeute et coach, tout particulièrement spécialisée sur l’accompagnement des couples engagés dans une démarche de PMA*, elle a choisi de mettre à profit son vécu et ses acquis pour aider d’autres futurs parents à vivre cette période difficile dans les meilleures conditions.
A 41 ans, Deborah Schouhmann-Antonio a enfin l’impression d’être pleinement à sa place. « Le parcours atypique que j’ai suivi m’a permis de me prouver beaucoup de choses à moi-même. Il m’a également confortée dans l’idée que même les expériences les plus dures peuvent être fondatrices » commente-t-elle. Après avoir organisé en 2014 la première journée de l’infertilité en France, après avoir ouvert un groupe de parole à l’Hôpital Américain, elle est aujourd’hui en train de monter une association regroupant les professionnels concernés pour mutualiser leurs forces au service des couples confrontés à la PMA. Dans le cheminement qui l’a menée à ce qu’elle est, elle ne renie rien, consciente qu’elle bénéficie aujourd’hui, pour bien exercer son nouveau métier, de multiples apports des ses vies antérieures.
« J’ai pris une grosse claque, avec le sentiment très désagréable ne pas être faite comme tout le monde »
Dessin, piano, danse, théâtre : ado, Deborah affiche clairement ses affinités artistiques. Elle passe un bac A3 (littéraire option arts plastiques), pense à s’orienter vers la psychologie mais, faute de débouchés, part sur une autre piste. Pendant deux ans, elle suit alors l’enseignement du Conservatoire Libre du Cinéma Français avec pour objectif de devenir scripte, tout en faisant des stages à la télévision en parallèle. Pas facile néanmoins de vivre de ce métier, alors elle ajoute une corde à son arc en s’inscrivant à l’ISCOM, une école de communication. A la sortie, elle est embauchée en CDD par un organisme de crédit immobilier, au service communication interne, où elle passe deux années très formatrices avant de se voir remerciée suite à un plan social. Elle enchaîne alors sur un CDI dans une entreprise d’informatique, avec un spectre de mission plus large (com interne, relations presse & publiques). Nouveau plan social, après cinq ans dans cette société : Deborah enchaîne alors pendant six mois les petits boulots avant d’être recrutée par le n°1 français du pari hippique et sportif, à la communication interne. « J’y ai passé une décennie très active, avec de beaux projets à mener, et j’y ai même rencontré mon mari ! » raconte-t-elle. Mais au milieu des années 2000, la jeune femme se retrouve confrontée à une épreuve difficile car obligée d’entamer une démarche de PMA*. « J’ai pris une grosse claque, avec le sentiment très désagréable ne pas être faite comme tout le monde. Dur à digérer. Les traitements étaient lourds et épuisants. Pendant trois ans, nous avons essuyé échec sur échec. Mon travail a longtemps été ma bouée de sauvetage, je faisais bonne figure, mais au bout d’un moment le moral n’y était plus. En accord avec mon mari, j’ai décidé de faire une pause dans le protocole » se souvient-elle. A cette époque, la rencontre avec un ostéopathe crânien lui ouvre une nouvelle fenêtre : pour la première fois depuis des années, un praticien lui parle d’elle, lui pose des questions sur sa vie, ses envies, sur cette baisse d’énergie qu’elle ressent. « Il a changé mon angle de vue et, du coup, j’ai fait le point sur mes aspirations. J’avais un super job, certes, mais il ne me comblait plus. J’ai alors commencé à chercher une autre voie, et l’idée d’aider les autres est venue très vite. A côté de ça, libérés de la pesanteur des traitements médicaux, nous avons recommencé à vivre, tout simplement : sortir, voyager, se détendre… Une vraie bouffée d’oxygène. Et au bout de six mois, j’ai appris que j’étais enceinte. Naturellement. Une surprise totale, car j’avais fait mon deuil de la maternité ! » précise-t-elle.
« Tout ce que j’avais appris dans mes postes précédents a été décisif »
Les choses, pour autant, ne se déroulent pas de façon idéale. A six mois et demi de grossesse, la tension de Deborah s’envole. Hospitalisée, elle accouche à sept mois et demi dans des conditions critiques et frôle le drame. « Ma vie a alors pris un nouveau sens. J’ai interprété ça comme un signal, quelque chose qui signifiait : tu as 36 ans, attention, ne te trompe pas de chemin » relate-t-elle. A ce moment-là, elle a déjà dans l’idée de devenir coach et s’est inscrite à l’école LinkUp Coaching International. Dans son esprit, un projet se dessine : utiliser les techniques du coaching pour accompagner les couples confrontés à la PMA. Une démarche qui existe déjà en Amérique du Nord mais que personne n’a encore implantée en France. Toujours en poste chez son employeur, Deborah achève en parallèle sa formation et y ajoute une expertise en thérapie brève et cognitive. Dans ce tourbillon de projets, tout à coup, elle se retrouve enceinte pour la deuxième fois. « Cela a été le déclic, j’ai alors vraiment décidé de me lancer. Le professeur qui suivait ma grossesse comme le lait sur le feu m’a non seulement encouragée mais mise en contact avec des personnes décisionnaires à l’hôpital Béclère. Je me suis installée comme thérapeute et coach et j’ai commencé à constituer un réseau de médecins et de professionnels autour de mon idée. Là, tout ce que j’avais appris dans mes postes précédents a été décisif : comment présenter un projet, comment rédiger et diffuser un communiqué de presse, comment créer un site internet… » raconte-t-elle. Pour compléter son bagage, Deborah ajoute à son CV un DU de psychisme et de périnatalité (Hôpital Antoine Béclère et Paris XI médecine) et une formation en thérapie de couple et familiale, tout en montant la première « Journée de l’infertilité » en France. L’événement rassemble 400 participants et une vingtaine d’intervenants (médecins, psychologues, sociologues…). Objectif ? Informer ! « J’ai eu la chance, quand je suivais le processus de PMA, d’être accompagnée par les bonnes personnes, mais je sais que de nombreux couples sont très isolés. Or, pour faire les bons choix, il faut être bien informé » explique-t-elle.
« Quand j’apprends des grossesses et des naissances, c’est un vrai cadeau »
A côté d’une activité de thérapie et de coaching classique, Deborah a donc aujourd’hui développé une approche spécifique pour les couples infertiles. « J’ai vécu que ce vivent mes patientes, c’est un plus. Ensemble, nous évoquons tous les impacts de l’infertilité et des traitements sur leur vie. Je suis là pour les aider à continuer à avancer, avec des projets personnels et des aspirations professionnelles. Souvent les femmes concernées n’osent plus rien faire, elles se sentent diminuées, elles s’isolent, leur vie sociale et professionnelle, mais aussi leur couple, en souffrent. Nous parlons de tout ça, comme nous évoquons les autres options et leurs corolaires : l’adoption, le don d’ovocyte, la GPA et même la vie sans enfants. Les parcours de PMA sont longs et rigides, et j’essaie d’insuffler de la souplesse dans ce quotidien pas toujours facile » précise-t-elle. Depuis avril 2015, Deborah est également rattachée à l’Hôpital Américain où elle anime des groupes de parole pour les patients qui suivent un parcours de PMA, deux fois par mois. « Je me suis lancée sous le statut d’auto-entrepreneur, pour démarrer, et aujourd’hui je vis de ma nouvelle activité. Bien entendu, je gagne beaucoup moins d’argent qu’avant, mais j’ai d’autres satisfactions ! Quand j’apprends des grossesses et des naissances, c’est un vrai cadeau, ça me donne l’impression d’avoir été utile, d’avoir réellement contribué à quelque chose » ajoute-t-elle.
« Certains n’ont pas compris que je veuille quitter un job qui me conférait un statut social »
Ce changement de vie, Deborah a aussi pu le négocier grâce à son mari, qui lui a apporté un soutien inconditionnel dès le départ. « Il a cru en moi et j’ai bénéficié de son regard, très pragmatique, sur ma démarche. Même mes parents se sont montrés confiants. Bizarrement, ce sont plutôt des amis ou des collègues qui n’ont pas compris ma décision. Comment, j’allais quitter un job qui me conférait un statut social, j’allais me mettre en danger sans aucune assurance de réussite ? J’allais devenir coach, ce truc à la mode qui veut tout et rien dire ? Certains ont donc été très étonnés de me voir, il y a peu, passer à la télé et à la radio, invitée en tant que spécialiste… ». Alors, quels conseils donnerait-elle à quelqu’un qui a des envies de reconversion ? « Commencez par vous demander quel est le paramètre qui ne colle pas dans votre vie : votre job, autre chose ? Qu’est-ce qui pourrait vous rendre heureux ? Quel risque prendriez-vous à essayer ? Il ne faut pas hésiter à se faire aider pour avancer plus sereinement. Fixez-vous des jalons raisonnables, des objectifs que vous pouvez atteindre. Au début, je me satisfaisais chaque jour de petites choses, elles suffisaient à me faire avancer : un mail, un appel, c’était le signe que des gens s’intéressaient à mon projet. Enfin, soyez patient et dites-vous que forcément, par moments, ça sera difficile, mais que cela vaut le coup de s’accrocher à son rêve. Et que tant qu’il y a de la vie, on peut toujours tout recommencer » conclut-elle. *PMA : Procréation Médicalement Assistée
– Texte Corinne Martin-Rozès / Photos © Deborah Schouhmann – Texte et photos ne sont pas libres de droit –
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Catégories :Parcours atypique
Tout d’abord bravo pour votre parcours!
J’exerce en tant qu’assistante sociale
Depuis plusieurs années, et j’ai été suivie en psychanalyse durant + de 10 ans. Pour raison financière, je ne peux pas cesser mon travail d’assistante, voilà pourquoi fortement encouragée par mon ancienne psy persuadée que je détiens tous les atouts et compétences pour la profession de psychothérapeute : je souhaiterai vivement,ce, dans un 1er temps cumuler ces 2 emplois,bien sûr avec un tuteur pour me former à la psychothérapie.
Avez-vous des pistes sérieuses à m’indiquer pour ce projet qui me tient
Chevillé au corps depui bien longtemps .
Merci beaucoup pour les pistes que vous pourriez m’indiquer à cette fin.
Cordialement.
ancienne
Bonjour,Malika,Etant moi même en réorientation professionnel, je souhaite me former en psychothérapie et je suis très intéressée par la suite de votre projet, avez-vous réussi à entreprendre les démarches souhaitées?
Je suis désolée Malika, mais je n’ai pas de réponses pour vous ! Je suis une simple passeuse d’histoires, je ne suis ni coach, ni conseiller en recherche d’emploi…
Bonne chance à vous !