Soraya, négociatrice immobilière « Se reconvertir, c’est sortir de sa zone de confort mais c’est aussi relever un formidable défi »

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Soraya Rabia n’est décidément jamais là où on l’attend, et c’est ce qui fait tout son charme ! Après une première carrière dans la coiffure, un métier dont elle a exploré toutes les facettes, elle est devenue à 40 ans négociatrice dans une agence immobilière, une nouvelle casquette qui la ravit. Portrait d’une femme libre de ses choix, qui mord la vie à pleines dents.

Chaque matin, c’est une collaboratrice enthousiaste qui rejoint l’agence immobilière où elle travaille depuis près de deux ans. « J’adore mon boulot, qui est à la fois technique et profondément humain. On travaille avec des notaires, des architectes, etc. Mais surtout on est aux côtés de nos clients dans des situations parfois difficiles, parfois très heureuses, et on accompagne leurs projets de vie. Il faut savoir les écouter, débusquer pour eux les meilleurs biens, etc. Et tout me plait ! » raconte, sourire aux lèvres, Soraya Rabia. A 42 ans, la toute neuve négociatrice immobilière affiche son bonheur d’apprendre un métier qu’elle juge passionnant. Elle que ses collègues décrivent comme dynamique, joviale, tenace et hyper-organisée, a déjà une vie professionnelle très riche derrière elle, démarrée à 14 ans dans un salon de coiffure. Replay.

« J’ai voulu quitter le système scolaire rapidement et apprendre un métier »

L’école n’a pas laissé de bons souvenirs à Soraya. « Je n’aimais pas ça du tout, je trouvais que les élèves n’étaient pas considérés, que l’on nous manquait de respect. Du coup, je ne travaillais pas et j’ai très vite voulu quitter ce système et gagner ma vie, pour être autonome tout en apprenant un métier » se souvient-elle. Sa meilleure amie s’oriente vers la coiffure : Soraya fait de même, n’ayant pas de vocation particulière. Elle intègre donc un CAP en alternance et fait une première belle rencontre. La patronne chez qui elle entre en apprentissage se révèle une femme formidable, qui la prend sous son aile. « Elle m’a fait aimer ce travail, et du coup j’ai enchaîné sur un brevet professionnel, puis un brevet de maîtrise » ajoute Soraya, qui ne fait jamais les choses à moitié. Après ses études, la jeune coiffeuse a encore soif d’apprendre, au contact du terrain, en étudiant les différents types de clientèle de la capitale : elle enchaîne donc les contrats dans des salons parisiens, du 8ème au 15ème arrondissement en passant par le Marais, avant de rejoindre à 24 ans l’équipe d’un studio où, pendant deux ans, elle coiffe des mannequins et des artistes.IMG_2160

 

« Moi, le panier percé, la cigale, étais-je capable de devenir chef d’entreprise ? »

A la fin de cette période, Soraya a envie de bouger, de découvrir autre chose. Pour autant, pas question de revenir travailler dans un salon, où la loi du rendement ne laisse que peu de place à la créativité. Elle décide de rejoindre une de ses amies qui vit à New York, et commence à prévenir sa clientèle de son prochain départ. C’est alors qu’une de ses clientes l’interpelle : « La France, c’est ton pays, reste ici ! Tu as du talent, pourquoi n’ouvrirais-tu pas ton propre salon ? Tu devrais créer un lieu atypique, comme toi, où tu pourrais pratiquer la coiffure à ta façon. Si tu n’as pas d’argent, moi j’en ai, je te prête 100% de ce dont tu as besoin, et je te laisse libre de faire comme tu l’entends ». Face à cette incroyable proposition, Soraya est d’abord perplexe : elle la cigale, le panier percé qui vit au jour le jour, peut-elle devenir chef d’entreprise ? En a-t-elle l’envergure ? Cette idée ne l’avait même pas effleurée, pour tout dire… Cependant, elle décide de tenter l’aventure et ouvre alors « La Grande Ourse », du côté de la Bastille, un salon qu’elle tiendra pendant 7 ans. « Cette expérience fabuleuse m’a fait grandir. En termes de créativité, je me suis épanouie sans aucune limite. J’ai rencontré des gens extraordinaires que je vois toujours aujourd’hui, ma vie a changé du tout au tout. Pour autant, cela n’a pas été facile tous les jours ! J’ai dû apprendre à gérer une affaire, et il faut avoir la tête sur les épaules ! Ne pas se laisser griser par les premières rentrées d’argent, être prévoyant pour payer ses charges et rembourser l’emprunt (ce que j’ai fait en trois ans). Il faut aussi apprendre à manager une équipe, et c’est ce que j’ai trouvé le plus difficile. Après, il n’y a pas de secret pour réussir : tu retrousses tes manches, tu oublies un temps tes vacances, et tu bosses ! » relate-t-elle. A 34 ans, malgré le succès (car le salon est toujours plein), la jeune femme dit stop. Fatiguée, elle souhaite faire une pause et écrire une nouvelle page de sa vie professionnelle, sans bien savoir encore de quoi il sera question. Elle revend son salon, prend presque trois années sabbatiques durant lesquelles elle donne naissance à sa fille. Puis, un jour, Soraya reprend le chemin d’un salon, toujours vers Bastille, où elle travaille pendant un an comme salariée, avant de s’installer comme coiffeuse à domicile. Elle crée alors son auto-entreprise, « J’irai coiffer chez vous, by Soraya », et va durant trois ans parcourir les routes de Paris et de sa petite couronne.

« A ma grande stupéfaction, je suis devenue très corporate »

La quarantaine approchant, un nouveau changement de vie s’annonce pour Soraya, à la fois professionnel et personnel puisqu’elle se sépare de son compagnon. « J’aspirais alors à un autre statut, plus stable, tout en ayant envie de relever de nouveaux défis » indique-t-elle. Un dimanche, en balade au bois de Vincennes, elle recroise le chemin d’un de ses clients, qui dirige une agence immobilière* membre d’un grand réseau et qui lui avait déjà proposé de l’embaucher quelques années auparavant. « Il m’a dit que son offre était toujours d’actualité, et j’ai rapidement pris ma décision : c’était le moment idéal pour tenter cette nouvelle aventure » raconte Soraya, qui se surprend alors elle-même. « Moi qui n’avais jamais voulu intégrer un groupe du temps où j’avais mon salon, j’avais soudain envie de faire partie d’une grande entreprise. Et à ma stupéfaction, malgré mon regard critique, je suis devenue très ‘’corporate’’ ! » commente-t-elle. A son arrivée, la négociatrice en herbe commence directement à travailler sur le terrain tout en suivant, parallèlement, des cours au sein de l’académie interne du groupe. Elle apprend vite et peut compter sur ses managers pour l’aider à progresser. « Mon patron, Patrick Bonhomme, et mon manager, Domenico Criseo, sont vraiment deux belles personnes et je leur dois beaucoup ! » ajoute-t-elle. Aujourd’hui, Soraya est heureuse de faire à nouveau partie d’une équipe, d’avoir des collègues qu’elle retrouve chaque matin, même si les premiers temps en open space ont été un peu difficiles, faute d’habitude.

« Tu te retrouves, à 40 ans, en position de junior alors même que c’est toi la plus âgée… »

Repartir à zéro dans un nouvel univers n’est pourtant pas un chemin de roses. « Ton égo en prend un sacré coup. Tu sors de ta zone de confort en quittant un milieu où tu es quelqu’un, où tu es plus que senior, où c’est toi qui donne les ordres…et tu arrives dans une équipe où les gens sont en place depuis un moment, où ils sont super pros et où tu te retrouves, à 40 ans, en position de junior alors même que c’est toi la plus âgée… » indique Soraya, qui avoue avoir dû cultiver la diplomatie et l’écoute, deux qualités qui n’étaient pas naturelles chez elle. « La première chose qu’on t’apprend dans l’immobilier, c’est à écouter les gens. J’ai donc dû prendre sur moi pour me taire ! Cela m’a fait faire une sacrée introspection, j’ai profondément évolué » précise-t-elle en riant, tout en redevenant sérieuse pour ajouter : « le message que je veux faire passer à travers cet article, c’est que tout est possible, mais qu’il faut s’accrocher. Ma vie a été bouleversée, celle de ma fille aussi, qui a mis presque un an à digérer mon changement de rythme : avec elle, il y a eu des moments très difficiles, des pleurs des deux côtés, mais petit à petit, j’ai retissé nos liens. Je l’ai amenée au travail, je lui ai montré ce que je faisais, et elle a fini par accepter la situation. Et je passe aujourd’hui une grande partie de mon temps libre avec elle » précise Soraya, qui a aussi bénéficié de soutiens amicaux pendant sa transition. « Mon amie Frédérique a été merveilleuse, j’ai toujours pu compter sur elle, à tous les niveaux. Au moment où j’ai entamé ma reconversion, j’ai aussi rencontré (et je suis sûre que rien n’arrive par hasard) une jeune femme qui traversait une phase similaire à la mienne, avec des changements de vie pro et perso simultanés, et nous passions jusqu’à trois heures au téléphone ensemble chaque jour pour nous soutenir mutuellement : cela a été déterminant » commente Soraya, qui souligne l’importance d’être bien entouré quand on choisit de se reconvertir, car les incidences sur la vie privée sont énormes.

«  Je préfère de loin avoir des remords que des regrets » 

Aujourd’hui, avec un peu de recul, Soraya est très heureuse de sa nouvelle vie. « Je fais un métier passionnant, très varié et très enrichissant. Ceci dit, je ne sais pas où je serai dans cinq ans ! Je sais juste que je suis quelqu’un d’ambitieux qui aime apprendre, mais qui aime aussi avoir des responsabilités. Le secteur de l’immobilier me plait, il est porteur de nombreuses opportunités, qui sait de quoi sera fait demain ? » déclare-t-elle. A quelqu’un qui lui fait part de son envie de changement, Soraya répond par deux maximes qui lui sont chères et qui guident ses pas depuis l’adolescence. Premièrement, « mieux vaut avoir des remords que des regrets » : il ne faut pas avoir peur de quitter ce que l’on a pour aller vers quelque chose de nouveau ! Deuxièmement, « si tu ne demandes pas et si tu ne fais pas, tu ne sauras pas » : autrement dit, il faut formuler ce que l’on veut, ne pas attendre que les gens devinent ce que tu désires mais le leur dire, clairement. Et cela vaut aussi pour la vie privée, avec son conjoint, ses amis. « Sutout n’ayez pas peur de dire les choses, de faire les choses. En s’exprimant, en se jetant dans la piscine, on rend sa vie tellement plus riche ! »

– Texte Corinne Martin-Rozès / Photos © Soraya Rabia –
– Texte et photos ne sont pas libres de droit –

*Il s’agit de l’agence Century 21 Chorus



Catégories :Parcours atypique, Reconversion

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5 réponses

  1. Waa quel parcours !

    • Très beau parcours. .je suis coiffeuse à domicile également et je change de métier mais ce n est pas évident. ..pour de l immobilier. .il y a beaucoup de doutes envers ce nouveau métier mais il m attire énormément alors quand je lis votre parcours je me dis que c est jouable et il faut sur je me lance à 200% dans cette nouvelle aventure. Merci pour votre témoignage qui m inspire pour la suite. Bonne continuation

  2. beau parcours mais cela demande une remise en cause totale et une prise de risques que peu de personnes sont capables de prendre

    • De plus en plus de gens prennent ce « risque »… qui peut se voir aussi comme une chance. Histoire de ne pas regretter, un jour, de n’avoir jamais rien tenté pour changer de vie.

  3. Merci pour ce bel article, étant moi même dans la réflexion sur « la reconversion »…cela m’aide beaucoup de lire votre témoignage !! bonne continuation

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