Pour fêter les 5 ans du blog, je vous propose une nouvelle rubrique intitulée Chemins de traverse où je ferai témoigner des personnes qui ont plusieurs activités : un job + un autre job, un blog, un engagement associatif, un sport… Mon objectif : démontrer à quel point il est enrichissant de « cultiver plusieurs jardins ». Première invitée, une authentique slasheuse (pour employer l’anglicisme à la mode) : la coach Hélène Picot qui, quand elle n’accompagne pas des personnes en reconversion, prône et pratique l’agriculture urbaine, écrit des livres et se balade, en toute liberté.
Bonjour Hélène, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bonjour à tous ! Je m’appelle Hélène Picot, j’ai 38 ans et j’habite à Paris. Pour être plus exacte, disons que mon camp de base est à Montmartre et que je passe mon temps à vadrouiller en France (notamment au pays basque d’où je suis originaire) et à l’étranger. Je suis ce que l’on peut appeler une slasheuse et une digital nomade. J’aime le mouvement, j’ai besoin de découvrir sans modération d’autres lieux et d’autres modes de vie, de vivre des expériences nouvelles. Mais je sais aussi très bien me (re)poser. On peut bouger tout en restant ancrée.
Parlez-nous de votre métier principal, celui qui vous fait vivre (financièrement) ?
Depuis 2012, je suis coach en reconversion. Mais attention, je ne considère pas ça comme un métier, plutôt comme une manière d’être. A mon sens, là se trouve la clé de toutes les reconversions : ne cherchez pas dans vos compétences, interrogez-vous sur qui vous êtes. J’aime ce que je fais, je n’ai pas l’impression de travailler. Aider mes « super coachés » à changer de v(o)ie me remplit de joie (sans aucune démagogie, j’adore ça !). A chacune de leur réussite, je suis limite plus heureuse qu’eux ! J’ai créé mon emploi afin qu’il cadre avec tous les critères qui était importants pour moi : aider à la transition vers le nouveau monde et accompagner les gens à aller vers qui ils sont, pouvoir travailler de chez moi et de partout (80% de mes clients sont hors de Paris ou à l’étranger, je fonctionne beaucoup par skype et j’ai aussi une méthode en ligne), être en mesure de dégager du temps pour faire d’autres choses comme marcher, voyager, écrire… Tout ce qui, au final, permet de nourrir encore plus mon activité de coach : apprendre chaque jour, choisir mes horaires et mes plages de travail, etc. Tout est possible à celui qui croit… J’y ai cru ! J’ai monté ma boîte il y a six ans, c’est une aventure quotidienne, c’est aussi la Liberté avec un grand L.
Quelles sont vos autres activités en parallèle ?
Dans mes autres vies, je suis Secrétaire générale de la SAUGE, la Société d’Agriculture Urbaine Généreuse et Engagée. Nous créons des fermes urbaines éphémères comme La Prairie du Canal, un terrain de 2 hectares à Bobigny que nous exploitons depuis janvier 2017. Nous y accueillons, la semaine, des entreprises dans le cadre d’opérations de teambuilding ou de conférences, mais aussi des jeunes que nous accompagnons. Le week-end, place aux événements festifs pour sensibiliser le grand public à l’économie sociale, solidaire et circulaire, ainsi qu’à l’agriculture urbaine (concerts, conférences, ateliers…).
Au-delà des fermes urbaines, avec La Sauge nous animons des ateliers d’éco-design et de jardinage, installons des potagers en entreprise et organisons chaque année au niveau national (à Paris, Bruxelles et Rio), les 48 heures de l’agriculture urbaine, un événement qui aura lieu les 21 et 22 avril, que vous pouvez suivre sur Facebook et auquel chacun peut participer !
Enfin, je suis aussi l’auteure de trois livres (et bientôt quatre) sous mon nom et sous mon ancien pseudo de blogueuse, Lady Montmartre, mais également contributrice pour le Huffington Post, conférencière, intervenante en école de commerce et à l’Université d’Economie positive du Havre. Ma dernière lubie : créer mes vidéos youtube. J’apprends tout en faisant, je tâtonne encore mais je vais bientôt faire une formation au montage, c’est promis !
Quel lien faites-vous entre vos différentes activités ?
A tous les slasheurs qui auraient peur de ne pas être cohérents, je ne dirais qu’une chose : la cohérence, c’est vous ! Le lien entre vos activités, c’est vous, c’est votre essence ! La mienne c’est de semer des graines (dans les esprits et dans la terre), de contribuer au nouveau monde et dans tous les cas, d’aider les gens à s’aimer et à semer. Toutes mes activités me nourrissent, se nourrissent entre elles et nourrissent au final mes clients. Tout est interconnecté. Si je ne vivais pas mes rêves à 10 000%, comment voudriez-vous que j’aide mes coachés à aller vers le « tout est possible » ? Mais la qualité indissociable du slasheur sachant slasher c’est aussi… l’organisation. Si vous n’êtes pas organisé, passez votre chemin, ou apprenez à le devenir.
Est-il facile de conjuguer toutes vos vies ?
Je ne fais tout simplement aucune différence entre ma vie pro et ma vie perso. Je ne travaille pas, je vis. La vieille notion de travail, avec ses connotations de labeur fastidieux et d’obligation, n’existe plus pour moi et ne devrait plus exister pour personne. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai créé ma méthode. Je suis pour une sorte de « travail libéré » ! Tout ce que je fais m’apporte de la satisfaction. Ce n’est pas à la vie de s’adapter au travail, c’est au travail de s’adapter à la vie ! J’ai travaillé à… ne plus travailler. Par exemple là, je me trouve dans un café bio, local, super sympa (Mûre dans le 2ème arrondissement de Paris) à répondre à cette super interview. Ensuite, je vais aller me balader puis je rentrerai chez moi pour faire 4 coachings avec 4 personnalités extraordinaires, avant d’enchaîner sur un peu de sport et un dîner. Où est le perso, où est le pro ? Je vis c’est tout, je suis juste en train de faire mon chemin d’être humain.
Comment est perçue votre double, voire triple vie ?
Je ne cache absolument pas toutes mes activités, d’ailleurs, elles sont toutes mentionnées sur mon site internet. Mes clients trouvent justement ça chouette que je fasse tout cela, car cela démontre encore une fois que c’est possible. Quant à mes proches, je réquisitionne ceux qui le souhaitent pour donner des coups de main à la Prairie de temps en temps, et ils sont généralement partants ! Bien évidemment, quand j’ai lancé ma boîte, certains ont tenté de me décourager (c’est un phénomène normal) mais j’ai tenu bon et, avec les années et le fait qu’ils me voient épanouie, ils sont heureux pour moi. Ce qui a changé véritablement par rapport à mon ancienne vie (j’étais directrice de publicité dans les médias), c’est l’authenticité. Avant, j’avais l’impression que je devais jouer un rôle pour « rentrer dans le moule », que je devais brider ma parole pour paraître pro, corporate, comme il faut… Maintenant, ce qui prime c’est donc l’authenticité. Je suis enfin comme je suis, je me fiche du regard des autres, je reste spontanée et bienveillante, pour ne pas dire gentille. Après avoir tenté de camoufler cela pendant des années (ce qui de toute façon était impossible), j’assume pleinement cette qualité, qui est pour moi l’une des clés du bonheur, de la chance et de la fluidité de la vie. On travaille toujours mieux dans la bienveillance, je ne comprends toujours pas les entreprises qui n’en font pas leur sujet N°1 (avec le télétravail et tout ce qui peut améliorer réellement le bien-être des salariés, et je ne parle pas de saupoudrage avec un cours de yoga…).
Si vous deviez expliquer à quel point il est enrichissant de « cultiver plusieurs jardins », que diriez-vous ?
C’est déjà très bon pour la santé, puisque cela permet d’allonger nos télomères. Kezaco ? Un télomère est un morceau d’ADN, situé à l’extrémité de chaque chromosome, censé raccourcir avec l’âge, ce qui engendre des maladies. Or, on peut faire s’allonger nos télomères en apprenant, en faisant de nouvelles choses chaque jour, en pratiquant une activité physique, etc. A ce sujet, je conseille l’excellent livre du professeur Frédéric Saldmann, ou si vous avez moins de temps sa conférenceTed.
Ensuite c’est souverain pour l’enrichissement personnel et l’estime de soi. Vous êtes-vous rendu compte que, moins vous en faisiez, moins vous aviez envie d’en faire ? Quand vous vous levez à midi, vous vous sentez un peu la tête dans le pâté et vous avancez au ralenti. En vous levant plus tôt en revanche, vous arrivez à enchaîner beaucoup de choses et plus vous en faites, plus vous avez envie d’en faire. Et plus vous faites (des choses qui ont du sens pour vous, bien évidemment), plus vous êtes fier(e) de vous, plus votre estime de vous s’accroît, plus vous êtes en mesure de vous atteler à de vrais challenges… C’est un cercle vertueux. Attention, pour autant n’oubliez pas de faire des pauses. Car c’est dans ces moments que l’intuition s’exprime et que l’inspiration jaillit.
Enfin, avoir plusieurs casquettes permet de vivre des expériences plurielles et de progresser : or nous sommes sur terre pour évoluer et expérimenter, non ? Parfois vous réussirez, parfois vous échouerez (on apprend toujours plus de ses échecs d’ailleurs) mais, quoi qu’il en soit, à chaque nouvelle expérience, vous apprendrez à vous connaître. Et la connaissance de soi est, à mes yeux, le but de la vie. Comme le dit Pierre Teilhard de Chardin : « Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle. Nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine ». Alors en avant, marchez vers vous-même !
Propos recueillis par Corinne Martin-Rozès – Photos © Hélène Picot
– Textes et photos ne sont pas libres de droits –
Pour en savoir plus sur Hélène Picot, direction son site internet www.helene-picot-coaching.com, sa page Facebook « Hélène Picot Coaching » et le groupe associé « Les rêves ne chôment pas », et retrouvez sa méthode en ligne sur www.rêvezosezfoncez.com.
Catégories :Chemins de traverse
Superbe article ! Merci ! Je suis en pleine reconversion et clairement se dessine pour moi de devenir slasheuse, un terme que je ne connais que depuis peu Je trouve cette idée du travail extrêmement riche Pas d’obligation de rentrer dans une case Très beau parcours en tout cas, qui me fait rêver Bravo !