Etienne, créateur d’entreprise : « Ma reconversion me permet de faire la paix avec moi-même »

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Ingénieur de formation, Etienne Thomas a commencé sa vie professionnelle dans le conseil avant de décider, à 29 ans, de tenter l’aventure en solo. Aujourd’hui, avec sa toute jeune société Gatseau & Co, il ambitionne de donner du Pineau des Charentes une image moderne et qualitative : un beau projet grâce auquel il dit s’être recentré sur les choses essentielles.

 

Un pied à Levallois, un pied à Angoulême : Etienne Thomas vit aujourd’hui entre l’Île-de-France et la Charente où est domiciliée la société qu’il a créée il y a tout juste un an, Gatseau & Co. Un sacré défi pour ce jeune ingénieur, que rien ne destinait, a priori, à relancer le Pineau des Charentes ! « Aujourd’hui, je me redécouvre et surtout, je respire. Qui sait ce que je ferai dans cinq ou dix ans, et qu’importe ! Ce que je sais en revanche, c’est que ce virage professionnel me fait un bien fou et m’ouvre le champ des possibles presque à l’infini » indique ce jeune homme curieux de tout, qui aime à dire qu’il faut « continuer d’avoir soif, continuer d’être fou* ».

 

 « J’ai décidé de faire fi de la pression, celle qui vous enjoint à tout de suite rebondir, afin de prendre le temps d’y voir clair »

Après une scolarité sans histoire, Etienne s’oriente par défaut vers un Bac S puis enchaîne par une classe prépa math sup (MPSI). « Je n’y ai passé qu’un an : ce n’était clairement pas pour moi, j’avais l’impression d’être dans un carcan » se souvient-il. Il entre alors en école d’ingénieur (l’ENIB) puis s’oriente vers une spécialisation en mécatronique (soit les systèmes robotisés pour faire court). « J’ai apprécié ma formation, même si elle était un peu trop théorique à mon goût, ce qui ne permettait pas de se projeter réellement dans un métier. D’où ma déception en arrivant sur le marché du travail, à 24 ans » indique Etienne. Pendant les cinq années qui vont suivre, le jeune homme enchaîne trois postes dans le conseil (en financement de l’innovation et en ingénierie), sans y trouver l’épanouissement qu’il recherche. « Si professionnellement j’ai appris beaucoup, humainement, c’était loin de mes valeurs. Je ne me voyais pas continuer dans cette voie » commente-t-il. Suite à ces déconvenues, il décide de prendre son temps, de ne pas se précipiter sur la première offre d’emploi. « On est vite catalogué dans ce que l’on a fait, et avec mon expérience j’aurais pu retrouver un poste similaire, mais je voulais aller vers autre chose. J’ai décidé de faire fi de la pression que l’on a, même tacite, de la part de notre environnement, celle qui vous enjoint à tout de suite rebondir » ajoute-t-il. Par une amie qu’elle avait accompagnée, Etienne rencontre alors la coach Hélène Picot avec laquelle il commence un travail. « Au début, quand elle m’a dit qu’il était possible d’aller au boulot sans avoir la boule au ventre, je me suis dit qu’elle fabulait. Je n’avais jamais réellement connu ça. Et pourtant… Sous sa houlette, j’ai fait beaucoup d’exercices pour y voir clair, ça m’a remué et m’a aidé à prendre du recul. Une remise en question salutaire qui a donné naissance à mon projet de création d’entreprise » précise-t-il.

 

 « C’était le moment ou jamais de reprendre le contrôle de ma vie »

En libérant sa créativité et en s’affranchissant des limites que nous nous fixons tous, inconsciemment, Etienne se laisse aller à un rêve : pourquoi ne pas relancer le Pineau des Charentes, en modernisant son image ? « Je connais ce produit depuis l’enfance, puisque je passais mes vacances dans cette région où habite ma grand-mère. Cet apéritif a une image vieillotte dans l’ensemble et son potentiel est carrément sous-exploité » déclare-t-il, avant de poursuivre « je me suis dit que je pouvais allier plaisir et travail avec un tel projet, qui avait vraiment du sens pour moi. Et que c’était le moment ou jamais de reprendre le contrôle de ce que je faisais, avec une démarche entrepreneuriale qui allait forcément m’aider à développer de nouvelles compétences. J’avais pour quelque temps le confort de l’assurance chômage, et j’ai décidé de me jeter à l’eau » se souvient-il.

 

« On m’a tenu des discours hyper négatifs, du style vous allez dans le mur jeune homme… »

A l’automne 2022, à 29 ans, Etienne se lance donc dans l’aventure. Il part de zéro, n’ayant aucun contact dans le milieu très fermé du pineau. Il décide de commencer par une étude de marché qui lui donne l’occasion de se rendre sur le terrain, à la rencontre de Gatseau_Pineau_Charentesprofessionnels. « Le moins qu’on puisse dire est que je n’ai pas été encouragé par les gens que j’ai croisés ! On m’a tenu des discours hyper négatifs, du style vous n’avez pas de fortune personnelle, pas d’infrastructure, pas de réseau, vous allez dans le mur jeune homme… Mais j’ai persisté, et je me suis accroché pour trouver un fournisseur, en l’occurrence une coopérative agricole avec laquelle je collabore pour sélectionner un pineau dont nous déterminons ensemble les spécificités et la qualité » explique-t-il. Etienne apprend aussi les bases du marketing produit, en créant un univers visuel autour de sa marque, avec l’aide d’un ami graphiste. Pour le nom, c’est sa compagne qui lui donne l’idée : pourquoi ne pas celui de la plage de Gatseau, sur l’île d’Oléron, lieu cher au cœur d’Etienne. Quant au positionnement, il prend une décision radicale : « Malgré les retours de certains professionnels, peu engageants, étant donné que je veux absolument sortir du cliché ˝pineau = apéro de papy = bas de gamme˝, je propose un vin de qualité supérieure, qui sera distribué dans les épiceries fines et les concept-stores, mais aussi chez des cavistes. Bien loin de certains pineaux à moins de 10€ qu’on trouve en grande surface et qui ont beaucoup fait pour ternir l’image du produit » indique-t-il. En septembre 2023, Etienne présente son concept au salon Gourmet •Sélection•, où il reçoit un excellent accueil. « C’était un baptême du feu, et les compliments de nombreux visiteurs m’ont conforté dans mes choix. Je suis gonflé à bloc, plus motivé que jamais ! » se félicite-t-il.

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« J’ai l’impression de redécouvrir qui je suis »

Etienne_Thomas_Gatseau_Pineau_Charentes (7)BAlors, même s’il sait qu’il n’en est qu’au début et que rien n’est gagné, Etienne tire déjà un bilan très positif de son aventure. « Ce projet me permet de faire la paix avec moi-même. Mon univers professionnel aujourd’hui est moins limité, je respire, j’ouvre des fenêtres, je me sens tellement mieux ! J’ai l’impression de redécouvrir qui je suis, en me recentrant sur les choses essentielles. Je ne sais pas si ça va marcher, je ne sais pas où tout cela va me mener et finalement, qu’importe. J’espère rester aussi libre que je le suis aujourd’hui, et je sais d’ores et déjà que tout ce que j’apprends en ce moment me sera utile pour la suite, quelle qu’elle soit » commente-t-il. Son avenir, Etienne sait déjà qu’il aura une composante sociale et sociétale. Il a d’ailleurs décidé que, dès que son chiffre d’affaires le lui permettra, il en reversera un pourcentage à un projet ou une association oeuvrant pour la sauvegarde de l’environnement, notamment pour la protection des océans, un milieu qui lui est cher. Et pourquoi pas, un jour, travailler dans le secteur des clean-tech, ces technologies vertes respectueuses de l’environnement ? Rien n’est exclu même si, pour l’instant, le jeune chef d’entreprise concentre son énergie sur son projet. Sans oublier pour autant de décompresser régulièrement, en se baladant, en bricolant ou en faisant du sport. « Car il est important de faire un pas de côté de temps en temps, de se vider la tête en faisant autre chose. Quand je me promène en skate-board, quand je fais de la voile, quand je répare ou construit des choses chez moi, je me rends compte que ça débloque des choses dans ma tête. Des solutions se font jour, des options auxquelles je n’avais pas pensé, le nez dans le guidon… » précise-t-il.

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« Prendre des risques, c’est ça qui fait qu’on se sent vivant ! »

Avant de devenir chef d’entreprise, Etienne a donc su stopper le train de sa vie professionnelle et s’accorder le temps de la réflexion. « Il ne faut pas tomber dans le piège de vouloir aller trop vite. Prenez du recul, recentrez-vous sur vos envies, faites-vous accompagner si vous ne savez pas par quel bout prendre le problème. Autre clé : avoir des proches qui vous soutiennent ! Ce n’est pas forcément évident, surtout pour les parents. Les miens, après une première réaction un peu tiède, sont maintenant à mes côtés. Ma compagne m’apporte aussi tout son appui et son enthousiasme, et croyez-moi, cela vaut de l’or ! » indique-t-il avant de remarquer « Quand j’étais salarié, je vivais dans une espèce de ˝traintrain˝. Aux longues journées de boulot succédaient des soirées devant la télé, à décompresser sans trop se poser de questions : finalement, on est un peu piégé dans cette routine et ce n’est guère stimulant intellectuellement. Aujourd’hui, je me sens porté par une dynamique positive, ma vision de la vie professionnelle a complètement changé. Prendre des risques, c’est ça qui fait qu’on se sent vivant ! Sortir de sa zone de confort peut être douloureux, mais peut aussi être une source de plaisir et d’épanouissement. A bon entendeur. »

– Texte © Corinne Martin-Rozès –
–   Photos © Etienne Thomas/Gatseau & Co   –
– Texte et photos ne sont pas libres de droit –

*citation attribuée à Steve Jobs

 

Pour en savoir plus sur Gatseau & Co, direction le site internet https://www.gatseauandco.fr/

Vous pouvez aussi suivre son actualité sur Facebook https://www.facebook.com/gatseauandco/

Et sur Instagram https://www.instagram.com/gatseauandco/



Catégories :Création d'entreprise

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7 réponses

  1. Très intéressant passionnant et stimulant portrait!

    Envoyé de mon iPhone

    >

  2. Merci pour cet article, il donne la force de croire en ses rêves pour se retrouver ! Je vais le partager, j’aime beaucoup !
    https://balancetalicorne.home.blog/

  3. Coucou. Merci pour cet article. Décider de changer de métier et de créer sa propre entreprise nécessite beaucoup de bravoure. Je suis moi-même passé par là il n’y a pas longtemps. C’était difficile, mais je ne regrette rien !

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