Véronique, responsable communication « La route fut longue, mais toutes mes expériences m’ont enrichie et font de moi une quinqua bien dans ses baskets ! »

Depuis toujours attirée par l’humain et le social, Véronique commence par être monitrice de colonie, puis responsable du secteur enfance dans un centre socioculturel. Face aux soucis de santé de l’un de ses enfants, elle s’arrête de travailler pendant 15 ans pour être à ses côtés, puis reprend des études à 46 ans afin de devenir correctrice dans l’édition. Un métier qu’elle exerce quelques années avant de se voir confier, à 51 ans, la communication éditoriale d’une association dans le domaine du handicap.

VéroniqueCe qui frappe au premier abord chez Véronique, c’est son regard pétillant. Cette incorrigible optimiste, qui ne lâche jamais l’affaire (quelle qu’elle soit) est aussi une femme exigeante, avec les autres comme avec elle-même. Ado, elle s’adonne avec passion à l’athlétisme, allant jusqu’à disputer le Championnat de France junior sur 400 m. Elle qui adore s’occuper des enfants passe son BAFA* à 17 ans, puis son BAFD* et travaille alors comme monitrice, animatrice ou encore économe dans de nombreux centres. Après un bac littéraire option trois langues vivantes (A5 à l’époque), elle s’inscrit en Langues étrangères appliquées à la Sorbonne mais réalise rapidement que ça ne lui convient pas et s’expatrie plusieurs mois en Angleterre, comme jeune fille au pair. A son retour en France, elle est embauchée par un centre socioculturel où elle passe cinq ans et qui fait d’elle sa responsable du secteur enfance. « Ensuite mes enfants sont nés et, mon cadet ayant des problèmes de santé, j’ai cessé de travailler afin de m’occuper de lui. Je n’ai pas pour autant arrêté de m’investir dans toutes sortes d’activités, notamment dans le cadre de l’école, maternelle et primaire : animation de la bibliothèque, accompagnement de sorties et de classes de neige, etc. A 30 ans, j’ai repris des études de psychologie par correspondance, pour aller plus loin dans mon travail d’animation avec les enfants. Arrivée à la licence, je n’ai pas poursuivi, je sentais bien que ce n’était pas encore ce que je cherchais… » se souvient-elle.

 « La formation en elle-même fut un vrai bonheur, une parenthèse enchantée »

Au bout de 14 ans, tout en continuant à être présente aux côtés de son fils, Véronique décide de recommencer à travailler. Comme il lui est impossible de se libérer à plein temps, elle cherche une activité qui lui permette de moduler ses horaires. « Le travail autour du livre, du mot, du verbe, m’avait toujours intéressée. Pour l’anecdote, c’est d’ailleurs en lisant un roman de Douglas Kennedy que j’ai eu le déclic. L’une des protagonistes était correctrice : ce métier m’a intriguée, j’ai surfé sur internet pour en savoir plus et je suis tombée sur la formation proposée par le syndicat français des correcteurs, sur six mois » raconte-t-elle. Pour y accéder, il faut passer sept tests très difficiles, notamment en grammaire et en orthographe. A sa première tentative, Véronique échoue. Un peu vexée et pour le moins déconfite, elle se remet au boulot et réussit le second passage. « La formation en elle-même fut un vrai bonheur, l’éclate totale !!! J’avais 46 ans, les autres étaient tous à peu près dans cette tranche d’âge et nous étions une petite quarantaine. Au final, pour résumer, beaucoup d’échanges, beaucoup de grammaire, de la culture générale aussi, de la terminologie, des rencontres avec des professionnels qui venaient témoigner, bref, une parenthèse enchantée » ajoute-t-elle. De prime abord, la formation de Véronique suscite un certain scepticisme  chez son mari. « Heureusement, mes copines m’ont soutenue à fond, tant et si bien qu’elles ont changé le regard de mon homme sur ma démarche ! Quant à mes enfants, ils s’amusaient fort de mes démêlés avec la grammaire » plaisante-t-elle. Aujourd’hui, ses proches reconnaissent tellement bien ses compétences qu’elle est régulièrement mise à contribution pour relire les documents importants (TPE, mémoires…) et très souvent sollicitée pour des précisions de langage. Il n’y a guère qu’au Pôle Emploi que son métier est totalement inconnu : sa qualification ne rentrant dans aucune catégorie, elle s’est retrouvée lors de son inscription dans la colonne ‘’photocopie/soutien de bureau’’. Un mauvais gag.

« Mon métier me permet aujourd’hui de conjuguer deux passions : l’humain et l’écrit »

Diplômée en 2008, Véronique se rend vite compte qu’elle a peu de chance de trouver du travail dans l’édition, un milieu où le métier se perd faute de budgets. Dans la presse, même contexte… Elle ne se décourage pas pour autant et fait marcher son réseau : ses collègues de formation, mais aussi sa bande de copines. « Il y a toujours moyen de trouver… il faut juste vouloir et rester ouvert ! Une amie m’a alors proposé de remplacer la documentaliste de l’association dans laquelle elle travaille, qui partait en congé de maternité : un temps partiel de 4 mois où l’on me demandait aussi de m’occuper de la revue et du site internet. J’ai tenté le coup et cela m’a plu » Véronique enchaîne ensuite les piges de correction, dans un quotidien sportif (« un rythme d’enfer, mais une ambiance extra »), sur un site spécialisé informatique (« pourquoi pas ? ») et pour un éditeur classique où elle passe d’un roman jeunesse à des conférences d’Emmanuel Lévinas (« quel grand écart ! »). Hélas rien de durable ne lui est proposé, ou alors à des tarifs réellement indécents. Lorsque l’association où elle avait assuré un intérim la rappelle, elle n’hésite guère. « Je voulais retrouver une certaine stabilité. Ce poste de communication éditoriale, c’était à la fois plus de confort mais aussi une manière de conjuguer deux de mes aspirations : l’humain (le handicap en l’occurrence) et l’écrit » confie Véronique.

« Partir travailler le matin en chantonnant, cela n’a pas de prix »

« Cela fait maintenant 18 mois que j’occupe ce poste et je m’y épanouis vraiment. J’y suis arrivée par des chemins tortueux mais ça me convient parfaitement : le boulot en lui-même, mais aussi l’état d’esprit du milieu associatif. Pour preuve, le matin, en général, je pars travailler en chantonnant ! Ça n’a pas de prix, non ? » Alors, changer à nouveau, d’ici quelques années ? Pourquoi pas sur le principe, mais actuellement Véronique n’en a pas envie. Cette infatigable marcheuse, qui souvent relie Montparnasse à Saint-Lazare à pied, pour le plaisir, apprécie sa vie comme elle est, entre son job, sa famille et ses petits plaisirs : expos de peinture, bouquins et balades avec les copines. A ceux qui se cherchent, elle conseille de ‘’se laisser du temps’’.  « Les choses ont plus de saveur lorsqu’on prend de l’âge et, si vers 40 ans on a envie de changer, il faut y aller à fond. Parfois, certes, on se fait peur, mais lorsque l’on réussit, quelle satisfaction ! N’écoutez pas les oiseaux de mauvais augure qui ne cherchent qu’à vous décourager. Faites-vous confiance et sachez demander de l’aide si besoin. Alors, vous verrez, tout deviendra possible ! ».

* Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) et le brevet d’aptitude aux fonctions de directeur (BAFD)

 Texte Corinne Martin-Rozès / Illustration © Maud Benaddi

— Texte et images ne sont pas libres de droit —



Catégories :Parcours atypique

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