Fille unique de viticulteurs passionnés, Patricia Foillard a tout naturellement commencé par travailler dans les vignes. A la trentaine, suite à des soucis de santé, elle réoriente sa carrière pour aller vers ce qu’elle a toujours aimé sans réellement le formuler : le graphisme.
Aujourd’hui, Patricia Foillard est une graphiste heureuse. Depuis Morgon, au cœur du Beaujolais, elle gère sa petite entreprise et laisse s’exprimer sa passion pour la communication visuelle. Entre rendez-vous clients et réunions de ses réseaux d’affaires locaux, entre phases de création et moments passés avec sa petite fille, elle jongle habilement sans jamais regretter un instant son changement de vie. Récit d’un parcours pour le moins atypique.
« De la vigne au graphisme, je n’aurais jamais pensé sauter le pas »
Patricia passe son enfance dans les vignes de ses parents et, à l’adolescence, s’oriente tout naturellement vers ce secteur. Un BTA puis un BTS Viticulture-Œnologie plus tard, elle rejoint le domaine pour y travailler. « Pendant mes études, j’adorais mettre en forme mes exposés, mes rapports de stage, mes dossiers… Je n’avais pas réalisé que cela pouvait faire l’objet d’études, voire devenir un métier. Entre le BTA et le BTS, j’avais cassé ma tirelire pour m’acheter le logiciel Publisher que j’ai apprivoisé toute seule » se souvient-elle. Grâce à cette passion, elle se met alors à développer la communication visuelle autour du domaine de ses parents, en créant des documents (affichettes, dépliants). Un jour, lors d’une dégustation, une cliente (par ailleurs directrice d’un magazine) la félicite pour les supports de communication qu’elle a créés et lui glisse : « je suis persuadée qu’un jour, vous en ferez votre métier ». A l’époque, cela la fait sourire. « A mes yeux, j’avais déjà un métier, et je ne me voyais pas en changer » raconte-t-elle.
« J’ai passé des heures à dompter les logiciels de PAO, seule chez moi »
Le destin de Patricia bascule le jour où un grave problème de santé la cloue au lit pour un an. « J’avais 30 ans et le médecin m’a expliqué qu’à moins de vouloir me retrouver en fauteuil, je devais changer de métier. C’est là que j’ai décidé de me tourner vers le graphisme, à 100% cette fois » relate-t-elle. Pas facile néanmoins de changer de voie et d’entreprendre de nouvelles études. Alors la jeune femme prend le taureau par les cornes. Elle sonne à la porte de plusieurs agences pour recueillir des conseils et passe des heures à dompter les logiciels de PAO, seule, chez elle. « J’ai reçu peu de coups de pouce et on m’a pas mal de fois poliment éconduite, mais un directeur d’agence (qui lui-même avait démarré en freelance) m’a gentiment reçue et conseillée, merci encore à lui ! » Un soir, lors d’un dîner chez des amis, Patricia rencontre Antonella Viland. Cette jeune entrepreneuse lui propose alors de participer à la création de sa société (macreationdentreprise.fr), qui fournit aux entrepreneurs des prestations d’accompagnement et de formation. Petit à petit, le projet s’étoffant, elle se retrouve en charge d’un service de communication dédié aux jeunes entreprises et aux PME. « Ce fut une expérience fondatrice, car j’ai découvert ce que pouvait être une relation de confiance avec un client. Je travaillais de chez moi, une solution idéale car j’ai une reconnaissance Cotorep pour mon handicap, suite à mes problèmes de santé. Ma petite fille est née à cette époque, et j’ai vu qu’il était possible de tout concilier, même si c’est un travail d’équilibriste ! Un jour, un client a même reporté une action de communication pour attendre mon retour de congé maternité, car il voulait travailler avec moi. Cela m’a touchée, confortée, galvanisée : j’étais prête à créer ma propre entreprise ».
« Pour un indépendant, faire partie d’un réseau est fondamental »
En janvier 2013, avec la bénédiction et les conseils de son ancien employeur, Patricia se met à son compte avec le statut d’auto-entrepreneur. Elle propose des prestations de conseil aux entreprises : identité visuelle, supports de communication, webdesign, signalétique, événementiel, de la conception à l’impression. Afin de dynamiser sa démarche de prospection, elle rejoint le réseau d’affaires BNI, basé sur la recommandation mutuelle. « Le principe du BNI et la fréquence des réunions (hebdomadaires) permet de tisser un lien de confiance entre professionnels et de ne pas se sentir seul dans son coin. Chacun s’implique dans le dynamisme du groupe, je suis d’ailleurs actuellement trésorière au niveau local pour six mois (le bureau change deux fois par an). Je suis également membre d’ACEOS, un autre réseau où on se rencontre une fois par mois. Sur ce marché très concurrentiel, il faut voir beaucoup de monde et renouveler son vivier de prospects en permanence. J’ai appris à m’organiser pour jongler entre ma vie de famille et mon métier, qui m’épanouit totalement. Ce n’est pas facile tous les jours mais ça m’apporte tellement de satisfactions ! » commente-t-elle. Grâce à ces réseaux, Patricia s’est également entourée de développeurs web, d’imprimeurs, de rédacteurs et d’un consultant en développement commercial, ce qui lui permet d’envisager chaque prestation dans sa globalité.
« Travailler chez soi : un concept difficile à appréhender pour certains… »
Travailler chez soi, ça veut dire « ne jamais débrancher, même le WE ou les jours fériés » mais aussi « sentir l’odeur du pain qui cuit ou répondre aux questions de ma fille quand elle joue près de moi, après l’école ». La fillette a bien compris que « Maman travaille » et s’amuse d’ailleurs à l’imiter. « Certaines personnes ont en revanche du mal à concevoir que je puisse être en situation professionnelle chez moi, et passent discuter à l’improviste, se vexant presque quand je dis que je n’ai pas le temps » explique Patricia avant d’ajouter : « aujourd’hui je suis heureuse et je ne compte pas m’arrêter là. Mon but est de créer une agence « familiale » de deux ou trois personnes dans les cinq ans à venir ». Alors, quels conseils donner à un candidat à la reconversion ? « Quand on se sent prêt, il ne faut pas écouter les personnes soi-disant bien intentionnées qui vous découragent de tout tenter. Combien de fois ai-je entendu : oh mais tu ne te rends pas compte, c’est la crise, tu n’y arriveras jamais, ce n’est pas le moment de créer une entreprise ! Même à Pôle emploi, on m’avait fortement conseillé de ne pas aller vers « ce milieu-là ». Si on écoute les gens, ce n’est jamais le moment de faire quoi que ce soit ! Quand on a bien étudié son projet, qu’on a fait un business plan et qu’on se sent d’attaque, il faut y aller. Et comme disait Voltaire, rien ne se fait sans un peu d’enthousiasme. Alors laissons s’exprimer l’enthousiasme qui est en nous ! » conclut Patricia.
– Texte Corinne Martin-Rozès / Photos Patricia Foillard –
– Texte et photos ne sont pas libres de droit –
Le site de Patricia : http://patriciadesignergraphique.fr/
Et son blog : http://www.blog.patriciadesignergraphique.fr/
Catégories :Reconversion
Article très vrai et reflétant bien la réalité des femmes, autodidactes, mères de famille et choisissant de travailler depuis chez elles!
C’est ainsi que j’ai crée mon activité de « clock designer » il y a 8 ans et que je la gère depuis.
Bonne suite d’activité à Patricia.
Une très belle interview de toi, Patricia. Le portrait d’une femme motivée et passionnée. Bravo !
Très beau témoignage et surtout parcours ! Mais ce qu’on oublie de souligner c’est la formidable aventure humaine, la force de développement personnel dont il a fallu faire preuve pour réaliser ce parcours ! Et ça n’est pas prêt de s’arrêter !! La suite au prochain numéro comme on dit !
Très beau témoignage et surtout parcours ! Mais ce qu’on oublie de souligner c’est la formidable aventure humaine, la force de développement personnel dont il a fallu faire preuve pour réaliser ce parcours ! Et ça n’est pas prêt de s’arrêter !! La suite au prochain numéro comme on dit !
Bonjour félicitations pour votre courage. Moi-même j’ai eu un problème de santé qui a fait que je ne pouvais plus continuer de mon métier (chauffeur/livreur). Pendant quelque temps je n’ai pas su quoi faire mais aujourd’hui j’ai trouvé un nouveau projet. Je me reconvertis professionnellement dans la réparation des pièces défectueuses, ce qui me permet de travailler depuis chez moi. J’ai tissé des partenariats avec 2 enseignes d’électro-ménager. Et ça fonctionne. J’étais auto-entrepreneur et je réfléchis à créer une vraie structure. Je vais ainsi suivre une formation courte en comptabilité/droit pour me familiariser à ses notions et combler mes lacunes dans ces domaines afin de pouvoir créer et faire vivre ma structure sereinement. Je cherche sur le net des plateformes qui regroupent les formations dans ce domaine. Je connais http://evalformation.fr. J’aimerais savoir si vous en connaissez d’autres de ce genre. Merci d’avance pour vos réponses
Bravo Victor et merci de témoigner ! Je n’ai hélas pas la réponse à votre question. Bonne route à vous !