Séverine Perron, coach « Aider les candidats à la reconversion à se libérer du regard des autres, pour mieux se réinventer »

Séverine Perron, coach et consultante, développe des approches nouvelles d’accompagnement fondées sur la créativité, le sens et la collaboration. Pour Les Nouveaux Audacieux, elle explique en quoi sa démarche est « facilitatrice de changement ».

severine perron as we are 2014 coaching collaboration leadershipQuelles constantes observez-vous chez les personnes désirant se reconvertir ?
En accompagnement individuel, ce sont souvent des profils plutôt cadres sup, des gens qui ont fait des études assez longues, qui ont ce qu’on peut appeler un « bon job ». Parmi eux, beaucoup de femmes, dirigeantes pour certaines, entre 35 et 45 ans, parfois plus, parfois moins. Le trait commun entre toutes ces personnes ? Un besoin fort de retrouver du sens dans ce qu’elles font : leur métier, leur vie, leur activité professionnelle.

Comment expliquez-vous ces « crises de sens » ?
En France, nous avons encore une culture du CV et des grandes écoles. La génération qui a aujourd’hui 30-45 ans a été élevée à coup de « fais des études », « gagne ta vie et tu seras heureux ». Et pour les femmes, en plus : « il faut que tu sois indépendante ». Soit des injonctions fortes de réussite sociale et matérielle. Ok, mais le sens dans tout cela ? Ce qui est bon pour toi, ou pour moi, n’est pas forcément bon pour les autres. Et puis, réussir, qu’est-ce que cela veut dire ? J’aime beaucoup cette phrase de Frédéric Lenoir, extraite de son dernier livre « Bonheur, un voyage philosophique » où il évoque l’art d’être soi-même : «  Etre heureux c’est avant tout satisfaire les besoins ou les aspirations de notre être. Nul ne pourra être heureux s’il veut aller à contre sens de sa nature profonde ».

Notez-vous sur ce point des différences entre les générations dites X et Y ?
La génération « X » (35-45 ans) est passée sous le rouleau compresseur d’études et de CV formatés, avec course aux stages dans les grandes entreprises, chasse au job qui offrira le meilleur plan de carrière, et en toile de fond la peur du chômage… Avec l’arrivée de la génération « Y », une autre vision des choses apparaît : avoir envie de se faire plaisir, de façon beaucoup plus décomplexée. Aménager une césure dans ses études et partir à l’étranger, pour y travailler ou juste pour voyager ? Pas de problème. Changer de parcours scolaire ou reprendre ses études ? Pas de problème. Quitter son entreprise parce qu’on s’y ennuie ? Evidemment. Créer sa boîte à 22 ans ? Presque déjà fait. Ces « jeunes Y » font preuve de plus d’agilité et d’adaptabilité. Jamais génération n’aura été autant informée, responsable et entreprenante.

Vous enseignez également : observez-vous cela chez les étudiants que vous côtoyez ?
A travers mes interventions auprès de futurs managers en école de commerce et de management, je fais en effet le constat de cette fracture dans les mentalités. J’essaie de les amener, par une pédagogie positive et différente, à faire émerger leur potentiel en donnant du sens à leur parcours et aspirations, c’est très stimulant ! Petite anecdote, partagée récemment avec les étudiants de l’Ecole Européenne des Métiers de l’Internet (EEMI), qui accueille des profils atypiques animés d’une énergie 100% positive. Je les ai invités à raconter leur histoire, à « mettre en mots » leurs réussites, leurs talents, aspirations, rêves et projets professionnels, en essayant d’être le plus accrocheur, le plus synthétique possible. Un exercice qui leur a donné la sensation d’ouvrir les yeux sur ce qu’ils voulaient vraiment faire de leur vie. Je souhaitais ainsi donner à ces graines de talents l’envie d’oser, d’entreprendre et de croire en leurs rêves !

Vous travaillez particulièrement sur l’estime de soi. Pour les personnes qui ont perdu confiance en elles, comment la retrouver ?
C’est en effet une de mes missions, en tant que facilitatrice du changement, d’aider la personne à sortir de ses blocages, de ses peurs paralysantes, de sa vision du monde construite sur des croyances qui n’ont plus lieu d’être et la maintiennent dans une forme d’illusion idéalisée… à laquelle elle se raccroche fermement. D’où la nécessité d’utiliser des techniques (comme la PNL, la psychologie positive, l’ennéagramme, l’analyse transactionnelle) ou de s’inspirer de grandes philosophies de vie (comme les sagesses indiennes, bouddhistes, toltèques), afin de les amener à poser un nouveau regard, de nouveaux actes pour un changement durable et une orientation de trajectoire en phase avec leur vraie nature et leurs aspirations. Une transformation en profondeur qui prend du temps, mais qui est souvent préférable à un changement brutal et radical, parfois trop superficiel et conduisant à de cruelles désillusions.

De quoi ont peur les personnes qui viennent vous voir ?
Il y a d’abord la peur de l’échec. Vient ensuite la peur de manquer en quittant la sécurité matérielle et le confort d’un poste auquel sont associés de confortables revenus. Et puis il y a la peur du changement lui-même, paradoxalement, même s’il est fortement désiré. Toutes ces peurs sont compréhensibles : le changement, nous en parlons beaucoup, mais combien de personnes autour de vous ont vraiment osé ? En France, notre culture est encline au scepticisme, à la critique, au jugement, autant de facteurs qui ont tendance à favoriser l’inertie. Lutter contre tout cela, ce n’est pas simple. Mais, là encore, un coach va accompagner les personnes pour les aider à se libérer de ce regard (qui n’est qu’une réaction de l’égo), et à se décomplexer pour se réinventer.

Quelles sont, à votre sens, les étapes clé d’une reconversion réussie ?
Je propose toujours de se poser trois questions pleines de bon sens : qu’est ce qui est important pour moi ? Qu’est ce qui est bon pour moi ? Qu’est ce que j’ai vraiment envie de faire ? Ensuite, j’identifie quatre jalons clé : primo, oser, tout simplement ; secundo, clarifier ses aspirations et sa vision, structurer cette dernière en un projet clair et planifié (un plan d’actions en quelque sorte) ; tertio, partager, mettre des mots sur son histoire, porter un discours clair et cohérent autour de son projet : cela peut passer par le fait de rejoindre une communauté ou un réseau en phase avec ses nouvelles aspirations ; quarto, enfin, s’entourer. Ne pas hésiter à solliciter avis et conseils, à se faire accompagner. Car le chemin est long, et l’enthousiasme du début risque vite de s’essouffler aux premières difficultés.

Avez-vous des exemples de reconversion qui vous ont particulièrement marquée, ou touchée ?
J’en retiendrais deux. Le premier est celui d’une femme dirigeante, qui tout en restant dans son secteur, a su rebondir après une première expérience entrepreneuriale perçue comme un échec, mais qui se situait aux antipodes de ses valeurs et aspirations ! Elle avait totalement perdu confiance en elle alors qu’elle était brillante, disposait d’un parcours et de références remarquables. Avec courage, elle a fait le choix d’un accompagnement très régulier et dans la durée, comme un rendez-vous avec elle-même. Aujourd’hui, elle a développé une nouvelle activité, fidèle à ses valeurs et ses aspirations, et sa réussite se situe sur un autre plan, car elle a su retrouver du sens et de plaisir dans sa nouvelle entreprise. Elle est allée bien au-delà de ce qu’elle attendait, tant en termes de volume d’affaires que d’accomplissement personnel. Tout simplement parce qu’elle est, enfin, à sa place !
Le second est celui d’une jeune femme qui avait du mal à trouver une unité entre sa formation de juriste et sa vraie personnalité, très créative. Son projet peinait à prendre forme, pour cause de perte de confiance, de frustration et de difficulté à formuler son offre. L’accompagnement lui a permis de clarifier les choses, d’accepter tous ses talents et de les valoriser au service de son projet. Aujourd’hui, elle crée un réseau international dans son domaine de compétences et fait partie d’un cercle très restreint d’experts internationaux.

Votre mot de la fin ?
Cette transformation qui mène au changement, nous la construisons ensemble à l’intérieur pour faire la différence à l’extérieur. Tout un programme !

Retrouvez Séverine Perron sur son blog www.weareinspired.fr et sur son site www.asweare.fr

Texte © Corinne Martin-Rozès



Catégories :Paroles de coach

Tags:, , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

6 réponses

  1. A reblogué ceci sur We are Inspired ✪.

Rétroliens

  1. "Les femmes ressentent plus le besoin de r...
  2. "Les femmes ressentent plus le besoin de r...
  3. Séverine Perron, coach « Aider les...
  4. 7 conseils pour savoir prendre les (bonnes) décisions | We are Inspired ৩

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Gravatar
Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :