Richard, community manager « Une reconversion est un véritable parcours du combattant »

Conseiller emploi-formation pendant une décennie, à 34 ans Richard reprend ses études pour exercer, enfin, un métier en rapport avec ses aspirations profondes. Une Licence en Sciences Sociales Appliquées et un Master en Journalisme Européen  plus tard, il s’occupe désormais du community management et de la communication d’une école d’art et de design.

Richard CarlierRichard Carlier est ce que l’on peut appeler un quadra épanoui : il exerce un job qui répond pleinement à ses aspirations (Community Manager et Responsable de Communication de l’EDAA) et, en parallèle, s’éclate sur son blog, ReimsIsBeautiful, où il met en lumière les charmes de la capitale champenoise. « Même s’il y a un boulot fou à l’école, ce que nous y développons est passionnant, et puis mon rythme de vie correspond aujourd’hui parfaitement avec la vision que je me fais d’une activité saine et enrichissante, pour moi et pour les personnes avec lesquelles je collabore : c’est le bonheur ! » déclare-t-il. Pour autant, ni sa formation initiale ni sa première carrière ne le destinaient à exercer ce métier. Retour sur l’itinéraire d’un Rémois qui sait ce qu’il veut.

« Si ça continue, tu finiras chef d’agence… »

Dilettante : quand on parcourt les bulletins scolaires de Richard, époque secondaire, le mot revient souvent. « Je me suis toujours intéressé à beaucoup de choses, et j’ai trouvé dans la vie associative un écho à ce besoin de diversité : j’y rencontre beaucoup de passion, ce qui est très enrichissant » indique-t-il. Ne sachant trop quoi faire après son bac, il choisit un DUT Techniques de Commercialisation, puis, dans le cadre de ses obligations militaires, effectue son service civil à l’ANPE : une excellente école, au niveau tant humain que professionnel. Pendant les treize années qui suivent, il exerce alors la profession de conseiller emploi-formation dans une douzaine de structures rémoises, enchaînant les contrats précaires, exception faite d’un contrat emploi-jeune de 5 ans. Puis l’ANPE le rappelle et il y rentre pour une petite année. « J’avais 34 ans. Un jour, un des responsables me prédit, au détour d’une porte, qu’en continuant comme ça j’aurai de bonnes chance pour devenir chef d’agence dans les dix ans. Avec tout le respect que je dois à la structure qui m’a mis le pied à l’étrier, cette réflexion a fait sur moi l’effet d’une bombe : je me suis dit qu’il était temps que je reprenne ma vie en main si je voulais vraiment faire un truc qui me plaise ! » raconte-t-il. Le soir même, avec sa compagne, sur les marches de leur maison, c’est l’heure de vérité. « A force de passer des entretiens pour des postes qui me tentaient mais pour lesquels, faute de formation suffisante, je n’étais jamais retenu, nous en sommes venus à la conclusion que ma seule option était de retourner sur les bancs de la fac » se souvient-il. Alors il ne donne pas suite à un énième CDD et monte un dossier pour reprendre ses études. Cependant, même si la procédure n’a pas de secret pour lui, car il a accompagné de nombreux demandeurs d’emploi qui reprenaient eux-aussi leurs études, Richard reconnaît que la démarche fut compliquée et très fastidieuse à mettre en place.

« Les gens me demandaient pourquoi je faisais ce choix »

Heureusement, l’étudiant trentenaire bénéficie d’un soutien primordial : celui de sa compagne. « Elle a été remarquable, à tout point de vue : moral, organisationnel, financier. Au niveau des revenus, ça a été très serré… d’autant que, même si l’on est étudiant, à 35 ans on paye plein pot partout, y compris l’abonnement de train pour aller à la fac. Bien sûr, parfois, ça a été un peu chaud à la maison, mais elle a pu se ‘’venger’’ depuis, car peu de temps après ma reconversion, c’est elle qui a repris ses études ! ». Une fois les choses enclenchées, Richard se lie d’amitié avec d’autres personnes qui, comme lui, ont derrière elles une première vie professionnelle : un groupe affinitaire informel se crée alors naturellement. « Nous sommes des étudiants un peu atypiques et c’était bien de pouvoir partager nos espoirs, nos expériences et nos projets, cela nous donnait de l’énergie pour continuer. Dommage que cela ne soit pas plus structuré au niveau de l’université » déplore-t-il. Paradoxalement, les réactions les plus négatives auxquelles il doit faire face viennent des professionnels qui sont supposés l’accompagner dans cette démarche. « Dans cette longue chaîne administrative très complexe, certains professionnels, qui étaient théoriquement là pour m’aider, m’ont demandé plusieurs fois pourquoi je faisais ça, avec une certaine réprobation. C’était un peu atterrant et bien dommage, surtout de la part de personnes qui sont payées pour accueillir et conseiller les autres sur leur vie professionnelle, alors qu’ils devraient être là pour, au contraire, nous encourager » regrette-t-il.

« Je suis lucide : rien de tout cela n’aurait été possible sans le soutien de ma compagne »

Aujourd’hui, Richard est diplômé et a décroché un job bien au-delà de ce à quoi il avait pu rêver. Après sa Licence en Sciences Sociales Appliquées et un Master en Journalisme Européen, il a été embauché par l’EDAA, une école d’art et de design dont il est à la fois Community Manager et Responsable Communication. « Ces trois années d’études ont constitué une formidable expérience. Le fait d’avoir eu une vie professionnelle avant m’a fait aborder différemment les choses et j’en ai tiré plus de bénéfice que si j’avais été dans le cadre d’une formation initiale. J’ai totalement repensé ma manière d’imaginer et d’animer des projets et je suis vraiment le plus heureux des hommes dans mon nouveau boulot. Mais je suis lucide : rien de tout cela n’aurait été possible sans le soutien de ma compagne. Si j’avais dû payer un loyer, je n’aurais pas pu me reconvertir… Et si je n’avais pas été très persévérant, notamment au niveau des démarches administratives, j’aurais jeté l’éponge rapidement ». Son conseil à quelqu’un qui souhaite tenter l’aventure ? « Foncer sans trop réfléchir si on a l’opportunité de le faire, mais bien vérifier les infos, les croiser et ne pas hésiter à aller, directement, rencontrer les personnes qui assurent les admissions au sein des formations que l’on vise (car ce sont elles qui sont les mieux renseignées). Ne surtout pas se laisser démotiver : mille fois on m’a dit que ce que je demandais n’existait pas ou était impossible. En tant qu’ex-conseiller emploi, je savais pourtant que ça l’était ! C’est un parcours du combattant, mais il vaut vraiment le coup » conclut Richard.

Retrouvez Richard sur son blog www.reimsisbeautiful.fr
Le site de l’école EDAA, qu’il anime www.edaa.fr
La dernière formation photo edaa pix sur laquelle Richard travaille : http://www.edaa-pix.fr/

 

Texte Corinne Martin-Rozès
— Texte et images ne sont pas libres de droit —



Catégories :Reconversion

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4 réponses

  1. Bonjour,

    C’est absolument fou le nombre de gens qui nous disent à nous reconvertit « ah mais pourquoi ce choix? ah mais ya pas de boulot dans cette voie? ah mais vous aviez un salaire, un diplome et un job avant pourquoi ne pas les avoir gardé, c’est suicidaire? Ah mais faut laisser la place aux jeunes diplômes, pas aux plus agés… » Mais flute! En quoi ça les regarde notre choix de réorientation? Comment ils peuvent juger de notre situation à notre place??
    Et c’est vrai que quand ce sont des gens qui sont sensés nous aider… c’est encore pire…

    A+
    Karine

  2. Bonjour, merci pour l’article. J’ai une petite question, voulant me lancer dans une reconversion « Community Manager », ayant déjà des connaissances WordPress, photoshop, et réseaux sociaux, un anglais moyen, il y a une chose qui me pose problème c’est mon age 36 ans. Biensur cela n’est pas vieux, mais j’ai peur d’avoir des difficultés pour trouver un poste, d’ici 1 ou 2 ans à la fin de ma formation, avec l’arrivée de la jeune génération. Pensez vous que cela pourrait être un vrai problème mon age ? En vous remerciant.

    • Bonjour Joël… je ne peux hélas guère vous répondre, car je ne suis pas une spécialiste ! Je me contente de raconter des histoires. Ce que je constate, c’est que l’âge n’est pas forcément un obstacle, d’ailleurs Richard était trentenaire lorsqu’il s’est reconverti. Un recruteur peut avoir envie d’intégrer quelqu’un qui a de l’expérience et plus de bouteille, au-delà de ses aptitudes de CM. A valider avec un spécialiste…à l’Apec, à Pôle Emploi ou ailleurs !

      • Merci pour le retour.
        Effectivement l’âge peut également être un atout, j’ai pu voir l’évolution du Web depuis 1996, date à laquelle j’ai commencé à l’utiliser régulièrement. En tout cas je vais, y réfléchir sérieusement pour ne pas trop tarder à me former. Merci !

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