Quitter le confort d’un job « sûr » dans une grande entreprise ? Marielle l’a fait. La quarantaine venue, mettant à profit son expérience de l’expatriation, elle a créé une société qui accompagne les candidats en mobilité internationale.
Créative et indépendante, Marielle Canova a toujours aimé partager. Aujourd’hui, à 50 ans, elle dispense ses conseils à l’expatriation au sein de la société qu’elle a co-créée avec une amie de longue date. « J’aurais pu poursuivre une carrière assurée dans une grande entreprise. J’ai choisi de prendre des risques et, avec le recul, je crois que j’ai eu raison ! En acquérant de nouvelles compétences, j’ai réussi dans un projet à la fois personnel, mais aussi commun avec mon associée Danielle. J’insiste sur ce point : c’est ce que j’ai voulu faire, mais je n’aurais pas pu, ni surtout voulu, entreprendre seule. C’est mon projet, mais c’est surtout le nôtre » indique-t-elle. Retour sur un parcours atypique qui donnera sûrement des idées à d’autres !
« A la deuxième mutation de mon mari, je me suis reconvertie une première fois, en mère au foyer pour démarrer »
Elève plutôt sérieuse à tempérament littéraire, Marielle commence par faire hypokhâgne et khâgne à Louis le Grand, avant d’enchaîner sur des études d’histoire à Paris IV. En licence, elle réalise que cette discipline la mène tout droit à l’enseignement, une voie qui ne l’attire guère. « J’aurais préféré la recherche, mais je souhaitais aussi gagner ma vie correctement… En parallèle de mon mémoire sur l’Allemagne entre 1945 et 1949, qui m’a permis de marier toutes mes passions (la littérature, l’allemand et l’histoire), j’ai alors commencé une licence de droit privé à Paris I, puis j’ai intégré Sciences Po Paris, section service public ». Multi-diplômée, Marielle intègre alors le monde du travail et se voit recrutée par un chasseur de tête, chez qui elle reste un an, avant de rejoindre les rangs d’une grande entreprise dans le secteur de l’énergie, sur des postes RH et communication. Elle passe ensuite un an en détachement dans une filiale de l’agence de communication corporate BDDP, pour revenir ensuite au siège en tant qu’adjointe du service communication de la direction internationale. « C’était formidable, j’adorais mon job… Aussi, lorsque mon mari a accepté un job à Bruxelles, j’étais vraiment déçue de devoir le quitter. Heureusement, j’ai obtenu le poste de chargée des relations presse de mon entreprise à Bruxelles. Au bout de trois ans, nouvelle mutation de mon conjoint, à Hambourg cette fois : là, difficile de continuer à travailler, pour de multiples raisons. Je me suis alors reconvertie en mère au foyer, avec deux enfants à l’école internationale anglophone. Cela fait tout drôle quand votre fille de cinq ans corrige votre accent ! » se souvient-elle.
« Je me sentais prête pour une nouvelle aventure »
Quatre ans plus tard, la petite famille regagne la France. Marielle retrouve alors un poste dans son entreprise, toujours dans la communication. Au début, cela se passe idéalement.« Mon, responsable hiérarchique était un homme humainement formidable, avec qui j’ai beaucoup appris et qui m’a fait notamment fait découvrir la sociologie. Hélas, au bout de deux ans, il a été remplacé et son successeur était loin d’avoir les mêmes qualités. J’ai donc rapidement eu envie d’autre chose et je me sentais prête pour une nouvelle aventure ». Une de ses amies, qui travaille dans un autre service, lui fait alors part d’un projet de création d’entreprise. Les deux futures associées commencent alors à phosphorer et se découvrent de nombreuses complémentarités : elle est ingénieur de formation tandis que Marielle est juriste et riche d’une expérience en expatriation. Toutes les deux sont passionnées par les problématiques interculturelles. Sur ces bases, elles fondent leur concept et créent alors une société d’aide à la mobilité internationale, Alceis Global Nomads. « Notre ambition ? Accompagner l’expatriation, de la recherche de logement jusqu’aux politiques de mobilité internationale, en passant pas les formalités administratives et d’immigration, les formations interculturelles, le coaching, etc. Nous pouvons assister les entreprises et leurs salariés en mobilité internationale pour que la transition soit aussi souple que possible. »
« J’étais fière de montrer à ma fille qu’une femme peut prendre son destin en main »
Au démarrage, autour de Marielle, c’est l’étonnement qui prédomine : quitter une entreprise du CAC 40 pour une aventure incertaine ? Quelle drôle d’idée ! « Heureusement, nous étions deux dans le bateau, et non
seulement mon associée m’a encouragée, mais le fait de mener ce projet à deux m’a confortée dans ma résolution. Le regard de ma fille, alors âgée de 11 ans, a également beaucoup compté : je crois qu’elle était fière de voir sa maman se remettre en question, et pour ma part j’étais fière de lui montrer qu’une femme peut prendre son destin en main ! Quant à mes proches, ils n’ont pas eu le choix : il s’agissait d’une décision personnelle. J’avais accepté de mettre ma carrière entre parenthèses pendant les quatre ans d’expatriation à Hambourg. J’avais passé le tournant de la quarantaine, j’avais l’âge de décider ce que je voulais faire ! » raconte Marielle, qui se souvient en souriant de la réflexion vaguement condescendante d’un ancien collègue, un an après la création de sa société : « alors, comment va ton petit business ? » En fait cela allait très bien, les clients étaient au rendez-vous, grâce à son réseau et à celui de son associée qui leur a permis, très vite, d’amorcer l’activité.
« Je suis la preuve que rien n’est écrit et que tout est possible ! »
Aujourd’hui, sept ans après, Marielle se sent bien dans sa vie. « Je suis la preuve que rien n’est écrit et que tout est possible : j’ai interrompu ma carrière, j’ai vécu la grande entreprise et j’ai créé ma propre société. J’ai pu adapter mon activité et voir ainsi mes enfants devenir des ados, puis de jeunes adultes, riches de l’expérience de l’expatriation et du multilinguisme. Pour l’heure, je n’ai aucune envie de changement, parce que j’aime cette aventure et que je veux la développer encore, ensuite parce qu’il faut savoir consolider avant de repartir ailleurs ! En revanche, je sais qu’un jour j’aurai envie de réaliser un rêve qui n’est pas professionnel mais personnel : vivre là où j’ai envie de vivre. Je crois que je partirai m’installer un an à New York (j’y retrouverais des amis connus en expatriation). Et aussi à Berlin où j’ai vécu étudiante et qui est mon « chez-moi », plus encore que Paris que j’adore portant… mais nous n’y sommes pas ! Pour l’heure, j’habite au même endroit depuis sept ans : c’est la première fois depuis mon enfance que je reste aussi longtemps à la même adresse ». Son énergie, Marielle la trouve « dans sa tête », mais aussi dans la force de ses relations amicales et familiales. Elle pratique toujours le ski, la passion de sa vie, mais s’adonne aussi depuis trois ans au plaisir du golf. « J’ai commencé ça comme un loisir, mais j’y trouve une source de nouveaux amis et une envie de compétition que je ne soupçonnais pas en moi » indique-t-elle.
« ll faut savoir sortir du chemin tracé »
Quand on l’interroge sur la reconversion et la création d’entreprise, Marielle est catégorique : « changer de vie n’est pas une décision anodine. Il faut savoir sortir du chemin tracé. Un coaching peut être efficace pour aider à formaliser ses doutes, ses envies, son projet. Autre enjeu clé : éviter à tout prix la solitude. Que l’on choisisse de s’associer, ce qui fut mon cas et je m’en félicite, ou que l’on privilégie un chemin plus individuel, il faut toujours consulter : à titre privé, ses collègues, ses amis, et encore mieux, solliciter un conseil extérieur. Enfin, le maître-mot doit rester l’envie ! Ne pas se sentir coincé, ne pas agir par défaut. Etre là où l’on ne vous attend pas. Vous vous surprendrez vous-même et vous étonnerez votre entourage. Et un jour, même ceux qui vous attendaient au tournant reconnaîtront votre réussite. Vous marquerez alors une pause, et vous vous direz : I did it ! » ♦
http://www.alceis.com/
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Texte Corinne Martin-Rozès
— Texte et images ne sont pas libres de droit —
Catégories :Parcours atypique
Merci pour cet article, je suis aussi en train de changer de vie. Je fais tout pour que ça marche en m’investissant beaucoup malgré les doutes et les peurs. Votre témoignage est encourageant.
Bon courage Fanny, tenez bon !
Merci pour ce retour sur expérience ! C’était très intéressant de lire le parcours de Marielle, et surtout motivant et encourageant !
A travers ces parcours riches, vous illustrez concrètement les possibilités et libertés accessibles à (presque) tous, dès lors que la volonté permet de dépasser les contraintes, les obstacles. Transformer les difficultés en opportunités, écouter ses aspirations profondes, identifier les freins véritables de ceux qui relèvent de la pression sociale, de la peur, du regard de l’autre… Un autre monde se découvre alors !
Bravo et merci pour ce témoignage puissant et réjouissant, qui contribuera à donner le petit coup de pouce à celles et ceux qui se questionnent…
Merci pour ce retour d’expérience ! Je rencontre souvent des entrepreneurs qui ont fait ce choix (quitter le salariat et lancer leur société et le constat est souvent le même: qu’ils échouent ou qu’ils réussissent, ils sont ravis de l’expérience car ils ont pu s’accomplir, sans frustration.