Après seize années dans l’industrie du tourisme maritime, Christine Bugarin a tourné la page à 42 ans pour vivre son rêve d’enfant : réparer les cœurs et aider ceux qui souffrent. Sophrologue et hypnothérapeute, elle a ouvert son cabinet il y a quatre ans en maison médicale et intervient aujourd’hui également dans le service oncologie d’un hôpital.
Il y a quelques semaines, Christine Bugarin s’entend poser la question : quelles qualités doit-on posséder pour être sophrologue ? « J’ai invité la personne à changer d’angle de vue et je lui ai demandé : pour quelles raisons souhaitez-vous devenir sophrologue ? Car le meilleur conseil que je puisse donner c’est d’écouter sa voix intérieure. Se lancer, devenir entrepreneur ne fait pas appel à la raison mais aux sens et à l’émotion, au coeur. L’argent ? Cela ne doit pas être leu premier facteur de décision, loin s’en faut ». Depuis toujours en effet, celle qui est aujourd’hui sophrologue et hypnothérapeute revendique le droit de faire confiance à son intuition, comme en témoigne son parcours profondément atypique.
« Enfant, je voulais opérer des cœurs, mais on m’a bien vite dissuadée d’entretenir ce rêve »
A l’école, Christine est plutôt bonne élève mais passe plus de temps à s’amuser qu’à travailler. Son rêve ? Devenir chirurgien cardiaque. Hélas, en France, impossible d’envisager médecine si l’on n’est pas bon en maths. Par défaut, la lycéenne est orientée en filière littéraire, sans grande conviction. Sur son temps libre, elle s’adonne au modern jazz et à la photo, participe à des projets artistiques en France et à l’étranger dans le cadre de l’association « Jeunes pour le monde ». Au moment de choisir sa voie, elle opte pour des études courtes afin de pouvoir rapidement être autonome. « Je me suis inscrite en BTS Commerce International un peu par hasard, car une copine sympa y allait aussi… Juste après, je suis partie plusieurs mois en Californie et, en rentrant en France, j’ai trouvé un job d’assistante trilingue dans l’industrie agro-alimentaire. Un jour, on m’a proposé de devenir directrice commerciale pour une société qui affrétait des navires de croisière. Lorsque mon employeur est devenu armateur, j’ai développé la branche « Incentives et affrètement » et j’ai ainsi passé seize ans à sillonner le monde » raconte-t-elle.
« Je me suis dit que je pouvais aider les autres à ma manière »
Brusque revirement de situation : alors qu’elle vient de fêter ses 42 ans, l’employeur de Christine réorganise son activité et supprime son poste. « Travailler dans l’armement de navires est un job atypique et je ne voulais pas chercher un autre poste dans cette branche. Et surtout, je n’avais plus envie d’être salariée. J’ai donc décidé de me reconvertir » se souvient-elle. Son premier réflexe est de revenir à son rêve d’enfant : réparer les cœurs. « Hélas j’étais toujours aussi fâchée avec les maths, et il n’était pas raisonnable de m’engager, à plus de quarante ans, dans onze années d’études. Du coup, je me suis dit que je pouvais aider les autres d’une autre manière, les soigner et les accompagner, notamment en soulageant la douleur. Lorsque je travaillais, j’avais testé la sophrologie pour lutter contre le stress, et cette discipline m’a soudain semblé une évidence. J’avais trouvé ma nouvelle voie » ajoute Christine.
« Les organismes d’aide à la création d’entreprise m’ont soutenue et accompagnée »
Une fois sa décision prise, rien n’arrête la jeune quadra. Son mari et ses enfants, les premiers, lui apportent un soutien sans faille, tout comme sa mère et ses amis. « Je crois que ma motivation et la cohérence de mon projet étaient telles que personne n’a osé me dire que c’était risqué… » précise-t-elle. Elle se tourne alors vers la Maison de la Création d’Entreprise et la Maison de l’Emploi de Longjumeau, deux structures qui vont lui apporter une aide précieuse, tout comme l’Agence pour l’Economie en Essonne et Pôle emploi. « Dans chacun de ces organismes, des femmes remarquables m’ont accompagnée pendant la création et même pour l’obtention du financement qui m’a permis de faire ma formation de sophrologue et de décrocher mes premiers stages et missions. Bille en tête, je suis allée démarcher la maison médicale près de chez moi où un médecin m’a fait confiance : il a accepté que je m’installe dans ses locaux où j’exerce depuis bientôt quatre ans. Toutes ces personnes qui ont cru en moi et m’ont apporté leur soutien, je les remercie aujourd’hui : sans elles je n’en serais pas là ! » commente Christine.
« Au début, mon activité a démarré si fort que j’ai paradoxalement douté de ma légitimité »
Pour se former, la future praticienne s’inscrit à l’IFS (Institut de Formation à la Sophrologie). « Le cursus comportait des journées de formation réparties sur un an. Dans ma promo, il y avait beaucoup d’autres personnes en reconversion, comme moi. Certaines étaient là par curiosité ou dans une optique de développement personnel. L’ambiance m’a plu. Il y avait aussi des personnes issues d’horizons très divers : une psychologue experte en criminologie, des gens de l’univers de la mode et du luxe, des anciens sportifs de haut niveau… Autant de profils atypiques, comme le mien, qui sentaient que le moment était venu de changer de vie » se souvient Christine. Enrichie par cette expérience, elle décide ensuite de se former à l’hypnothérapie pour compléter son parcours. Elle obtient alors auprès de l’IFHE (Institut Français d’Hypnose Humaniste et Ericksonienne) le niveau de technicien et Praticien 1, une compétence qu’elle utilise aujourd’hui essentiellement pour soulager la douleur en cancérologie. Quand elle se lance enfin, les choses s’enchaînent très vite. « J’ai pu vivre assez vite de mon activité, peut-être parce que j’ai fait les bons choix. En fait cela marchait si bien que je me suis même posé la question « suis-je légitime dans ce métier ? ». Paradoxalement, j’ai douté… Je me suis alors fait accompagner par Céline Boura (Le Luxe d’être soi), conseil en identité de marque, car j’avais besoin de ça. On m’avait dit toute ma vie « toi t’as de la chance », mais si je n’avais que de la chance, quand est-ce que j’avais du talent ? Cette question a trouvé une telle résonance en moi que, depuis, j’en ai fait une conférence autour de la légitimité du chef d’entreprise. Objectif : aider les gens à trouver leur propre chemin, notamment les managers que je reçois dans mon cabinet ».
« Mon objectif ? Ouvrir une consultation de sophrologie en soins d’accompagnement dans une clinique »
Aujourd’hui, à 47 ans, Christine répare des cœurs d’une autre façon. « Je suis sophrologue à la maison médicale et j’interviens à l’hôpital en oncologie. J’ai touché au but. Mon rêve d’enfant s’est réalisé et tout va plutôt bien ! Parallèlement, j’anime des ateliers de gestion du stress et des émotions pour les demandeurs d’emploi dans les maisons de l’emploi et de l’insertion » explique-t-elle. Pour autant, la période n’est pas facile à vivre, puisqu’elle ressent le besoin de ralentir un peu le rythme. « J’ai mis tellement d’énergie parfois trop (ou mal) utilisée à développer mon activité qu’il est nécessaire paradoxalement que je lève un peu le pied. Pour me recentrer, me concentrer et continuer de me développer dans mes domaines de prédilection, le médical et l’entreprise. Je suis d’ailleurs inscrite au DU Douleur en oncologie de Gustave Roussy (IGR Campus science du Cancer). Mon objectif à terme ? Ouvrir une consultation de sophrologie en soins d’accompagnement dans une clinique et continuer d’accompagner les salariés dans les entreprises. Si j’ai un regard bienveillant pour la guerrière intuitive que j’ai été pendant ces quatre dernières années, il est temps de porter un regard différent sur l’entrepreneur que je dois devenir pour continuer à développer mon activité d’une manière un peu plus sereine… » Travailler moins pour travailler mieux, mieux concilier sa vie professionnelle et sa vie personnelle : c’est la résolution 2015 de Christine, qui a décidé, après trois années intenses, de prendre cette année toutes les vacances scolaires. Son conseil pour les candidats à la reconversion ? Se poser les bonnes questions au bon moment, ça fait avancer. Et méditer cette phrase de David Servan Schreiber : « On peut passer à côté de sa vie si on ne s’entraîne pas à y voir ce qu’il y a de positif ».
– Texte Corinne Martin-Rozès / Photos © Christine Bugarin – – Texte et photos ne sont pas libres de droit –
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Catégories :Reconversion
Bravo ! Eh oui, se faire accompagner est important. Surtout par Céline Boura, que je lis abondamment.
SALUT ET MERCI !
Il me paraît important de parler ici de la FEPS, federation qui coordonne 12 ecoles en France. Ces ecoles proposent de devenir sophrologue en se formant sur deux années en présence, avec un minimum de 400h de formation. Il y a une belle alliance théorie et pratique pour trouver sa voie en sophrologie, mais aussi sa sensibilité suivant les domaines : en entreprise, en cabinet pour accompagner les futures mamans, aider à se défaire des addictions, gérer la douleur, …etc. Et ce qui me paraît important c’est comment se positionner en tant que futur professionnel : le statut juridique, financier, le positionnement face à la personne accueillie…Etc. Un beau parcours!
Belle route à ceux qui s’engagent sur cette voie.