L’un des facteurs de succès d’une reconversion est la façon dont on communique avec son entourage. Car le soutien des proches se révèle un paramètre crucial. Or pour être soutenu, encouragé, il faut aussi savoir parler de son projet. Mais il faut également parfois savoir se taire, selon le public auquel on s’adresse, sous peine de voir des pensées négatives, voire hostiles, venir parasiter l’enthousiasme du candidat au changement. Conseils et bons réflexes à adopter lorsque vous annoncez votre reconversion, avec quatre spécialistes de l’accompagnement.
1 – Préparez le terrain
En amont de toute décision, commencez à évoquer une possible reconversion avec quelques personnes (choisies) de votre entourage, afin de préparer le terrain et de disposer de leur soutien au moment de sauter le pas. « Evitez de débarquer un soir en disant à votre conjoint : chéri(e), j’ai une grande nouvelle, je viens de démissionner de mon poste de responsable marketing pour me lancer dans la fabrication de bracelets brésiliens, c’est chouette, non ? » commente Hélène Picot, coach certifiée et créatrice de la méthode « Rêvez, Osez, Foncez : 3 mois pour trouver sa voie ». Attention toutefois à ne pas tomber dans l’excès inverse, en arrivant tous les deux jours avec une nouvelle idée de job, car cela se révèle très anxiogène pour les proches. Du style « j’ai bien réfléchi et en fait pour être fleuriste, il faut se lever à 4 heures du matin, du coup je pensais à orthophoniste, c’est bien orthophoniste, n’est-ce pas ? Ou sinon, j’ouvre un gîte ? ». Autre mauvaise idée : demander à ses proches de faire des séances de brainstorming pour trouver votre futur métier. « Une reconversion réussie c’est d’abord et avant tout un choix personnel et doté de sens pour vous, alors ne laissez pas les autres en décider à votre place » ajoute Hélène Picot.
2 – Soignez l’annonce avec votre cercle proche
La famille constitue le premier entourage, celui dont le soutien est réellement déterminant. Se reconvertir, c’est bien plus que changer de métier, cela revient souvent à changer de vie et cela peut mener à des bouleversements profonds. Mieux vaut donc avoir vos proches dans la poche pour éviter les fractures dans la vie personnelle. « Soyez psychologue et allez-y en douceur, afin de ne pas susciter l’angoisse. Tâtez le terrain, annoncez que vous ressentez un besoin de changement, voyez quelles sont les réactions. Et sachez que dans la phase de démarrage, l’entourage ne sera pas forcément votre soutien numéro un. Tournez-vous plutôt vers quelqu’un d’extérieur, non impliqué émotionnellement (un coach, un psy), qui pourra vous aider à y voir clair, mais aussi à bien gérer la transition avec vos proches » précise Marjorie Llombart, experte en reconversion professionnelle. Idem avec ses amis : allez-y sans attente particulière, car vous risquez d’être surpris. Là où votre meilleur(e) ami(e) va peut-être paniquer, un(e) autre se révèlera un soutien inattendu. « Exprimez-vous clairement sur votre projet, de manière synthétique, et voyez avec qui vous pourrez en parler plus profondément. Et si un proche réagit mal, n’insistez pas et ne venez pas parasiter votre amitié avec ce sujet » conseille Marjorie Llombart.
3 – Allez-y graduellement
Pendant la période d’exploration, lorsque vous vous cherchez un peu, si vous sentez chez vos proches des réticences ou des peurs, ne forcez pas. « Dites simplement que vous êtes en phase de réflexion et de maturation mais que, dès que vous aurez des éléments concrets, vous serez ravi(e) de les partager » conseille Marjorie Llombart. Une fois votre décision prise, vous allez petit à petit construire votre démarche de reconversion et vous aurez alors des éléments plus factuels à donner à votre entourage, voire un véritable plan d’action à exposer. Vous pourrez alors dire clairement « je sais où je vais, ça va se passer comme ça » : n’oubliez pas que votre détermination joue aussi un rôle clé quand il s’agit de convaincre un tiers. « En revanche, si vous trouvez un proche trop pressant dans ses questions, signalez-lui gentiment que les choses avancent mais que vous lui en reparlerez le moment venu » indique Hélène Picot.
4 – Faites la part des choses
Attention, une fois votre décision annoncée, vous allez en voir de toutes les couleurs au niveau des réactions. A ce titre, « il est important de faire la part des choses entre les remarques constructives, qui vont vous aider à avancer, à ajuster certains éléments du projet, et celles qui ne sont que le reflet des peurs des autres, voire de leur jalousie inavouée. Il est indispensable de prendre le plus de distance possible par rapport à certaines réflexions, qui pourraient remettre en cause l’intégralité d’une décision, souvent fruit d’un long processus de réflexion et d’accompagnement » indique Clara Leparquier, coach et experte en accompagnement de projets professionnels. En effet, un proche, même s’il se veut bienveillant, aura peut-être vécu une situation similaire. Or, soucieux de prodiguer de bons conseils tirés de son expérience, surtout lorsque celle-ci s’est avérée difficile, il préférera parler des risques plutôt que des opportunités.
5 – Modulez le discours selon la personne à laquelle vous vous adressez
A vous de sentir les choses, selon votre situation : il n’y a pas de règle, cela dépend du contexte du projet, des rapports entretenus avec les proches et des besoins de chacun. « Par expérience, les personnes pour lesquelles l’enjeu est le plus important s’avèrent être les parents et le conjoint. Je recommande d’impliquer le conjoint le plus rapidement possible, car le projet a forcément un impact sur la vie personnelle, et donc la vie de couple et/ou la famille. Pour l’annonce aux parents, il n’est pas toujours recommandé d’en parler rapidement, cela dépend de leur mode de fonctionnement, de leur rapport au changement, au risque. Il est bien de le mesurer en amont pour anticiper les réactions et ne pas les subir » précise Clara Leparquier.
6 – Ne faites pas vôtre la peur des autres
Vous allez nécessairement être confronté à de nombreux messages très contradictoires. Si les optimistes trouveront toujours votre idée « carrément géniale », d’autres verront cela d’un œil plus inquiet et risquent de vous interpeller, de façon parfois rude, à propos de votre projet. « Comment tu vas faire financièrement ? », « A ton âge ? » , « Mais ce marché est complètement saturé ma pauvre ! », « Quoi ? Vendre des fringues pour bébé ? Tu viens d’accoucher, t’as pas les idées claires ! », etc. A ce propos, Hélène Picot conseille… de se boucher les oreilles : « Vous trouverez toujours sur votre chemin des gens qui tenteront de vous ralentir, de vous effrayer pour que vous ne changiez pas. Mais ces personnes ne sont pas vous, elles s’imaginent à votre place et cela les angoisse car elles seraient bien incapables de faire ce que vous vous apprêtez à faire, en tous cas, pour le moment. Surtout, ne faites pas vôtre la peur des autres ! » Car se reconvertir, c’est montrer aux autres qu’il est possible de tout changer et d’aller vers l’inconnu. « Or l’inconnu fait peur, et une reconversion sert de miroir à l’entourage, réveillant ses peurs. Attention, cela brouille le message » renchérit Marjorie Llombart.
7 – Tâtez le terrain en douceur dans votre entreprise
Si vous êtes salariés, sachez que certaines entreprises favorisent l’évolution professionnelle de leurs collaborateurs et sont plus enclines que d’autres à financer un bilan de compétences, mais également à accepter une rupture conventionnelle dans le cas d’un projet de reconversion. Il peut suffire de s’en ouvrir aux RH si vous sentez que vous êtes dans ce type de configuration. Mais c’est parfois plus compliqué ! « Si votre entreprise ne vous soutient pas, vous pouvez faire financer un bilan de compétences sur un fonds régional Fongecif, sans en aviser votre employeur. Et si celui-ci ensuite vous refuse la rupture conventionnelle, battez-vous intelligemment, soyez persévérant(e) et convaincant(e), faites valoir vos arguments : j’ai vu plusieurs cas où l’entreprise a fini par changer d’avis » raconte Marjorie Llombart.
8 – Ne vous épuisez pas à convaincre un collègue hostile
Ce conseil vaut surtout pour l’environnement professionnel et là encore, les situations varient. « Parfois, outre la hiérarchie qui ne vous soutient pas, ce sont des collègues qui se montrent hostiles à votre projet, voire carrément décourageants ou désagréables. Dans ces moments, rappelez-vous que vos collègues restent des collègues, et que vous allez les quitter en opérant votre reconversion » conseille Marjorie Llombart. Ne vous épuisez pas à les évangéliser, à leur expliquer votre projet pour les convaincre : votre démarche les renvoie à leurs propres peurs et au fait que, souvent, ils voudraient faire comme vous mais n’osent pas. Ne rentrez pas dans de ce type d’échanges qui vous feront perdre du temps et de l’énergie.
9 – Clarifiez la nouvelle organisation du temps avec vos proches
La reconversion a souvent des répercussions sur l’organisation du temps. « Très engagée sur son nouveau projet, la personne en reconversion va devoir dégager du temps, souvent au détriment de son temps social ou familial. Donc si vous voulez éviter de mettre en péril vos relations et votre équilibre, il est nécessaire de l’annoncer en exposant vos idées en matière de réorganisation du quotidien » explique Caroline Carlicchi, coach certifié. Votre conjoint et vos proches seront en effet rassurés s’ils constatent que vous avez conscience de l’impact de votre décision sur la relation avec eux. « En amont de cette discussion, réfléchissez à la manière dont vous allez investir votre temps dans votre reconversion, mais aussi dans l’organisation quotidienne de la famille ou de votre vie sociale. N’hésitez pas à « contractualiser » avec vos proches : je vais chercher les enfants à l’école un jour sur deux, tous mes samedis soirs sont pour toi ou les amis, je m’arrête de travailler à 20h00 et rejoins la famille » ajoute Caroline Carlicchi. Ainsi, les choses sont clairement posées et chacun y trouve son compte.
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Autant de conseils à adapter bien sûr à chaque situation, toutes les histoires étant différentes, mais qui ont le mérite de rappeler quelques principes de base. Et parce qu’il ne suffit pas d’annoncer sa reconversion, à venir sur le blog en décembre un second billet avec des idées pour entretenir et conserver le soutien de ses proches, tout au long du processus. Restez connectés !
Merci à Caroline Carlicchi, Clara Leparquier,
Marjorie Llombart et Hélène Picot
pour leur précieuse contribution.
Catégories :Paroles de coach
Pour ma fille Cécile, à la Mangette, je crois qu’elle a très bien su l’annoncer à ses parents, à sa famille et je garderai éternellement en souvenir, le jour où elle m’a invitée à aller manger une pizza. C’était assez inhabituelle et un peu surprenant à ce moment-là. Je mesure seulement maintenant l’inquiétude peut-être, qui l’habitait et j’espère que ma réaction a été visiblement positive. Je comprenais cette reconversion, moi qui étais entrée dans l’enseignement au même âge et c’était excitant. Etant proche géographiquement, je savais que je pourrais l’épauler si cela s’avérait nécessaire. J’avais confiance et je l’admirais !
Je savais aussi que son mari serait toujours à ses côtés. Elle ne se lançait pas seule.
Et depuis, elle m’épate, elle m’épate !
Merci pour ce commentaire Isabelle ! Pour relire l’histoire de votre fille Cécile, rendez-vous ici https://lesnouveauxaudacieux.com/2015/12/22/reconversion-cuisinier-cecilehatchuel-chef-publicite-lamangette/