Pépée, illustratrice « Jamais je n’aurais imaginé faire ce métier il y a encore quelques années »

Si aujourd’hui le coup de crayon de Pépée semble une évidence, rien ne la destinait pour autant à devenir illustratrice. Sa vocation a attendu la trentaine pour se manifester et pleinement s’exprimer, peut-être tout simplement parce que la jeune femme n’était pas prête. Ses vies d’avant, dans la communication et la presse, ont constitué le terreau sur lequel ce talent a pu germer, pour s’épanouir aujourd’hui de si belle façon.

portrait pépée by pépéePépée, la quarantaine (à peine !), Parisienne jusqu’au bout des crayons, « dessine tout et sur tout ». Illustratrice, elle qui se décrit comme une « serial croqueuse, gourmande, blogueuse et gribouilleuse », crée aujourd’hui des univers et des ambiances, mêlant joyeusement texte et dessin, humour, fantaisie et décalage. Le trait est si sûr qu’on dirait qu’elle a toujours fait ça : pourtant, Pépée ne s’est pas toujours appelée ainsi et n’a pas toujours exercé ce beau métier. Flash-back sur l’itinéraire d’une fille simple et spontanée, aussi réservée dans la vie qu’elle est décomplexée dans ses dessins.

« Je n’étais pas très convaincue mais c’était rassurant, raisonnable »

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Marcella & Pépée

Ah, le problème des enfants qui sont à l’aise dans toutes les matières sans avoir de véritables points forts ! Pépée au collège et au lycée, c’était ça : une élève studieuse, d’excellents bulletins, mais aucune évidence quant à son avenir, pas de vocation ni de réelle passion. Un peu de sport (judo, basket), un peu de musique (piano), mais rien de décisif. Alors la jeune fille écoute son papa, passe un bac C (S) puis suit une prépa HEC et intègre une école de commerce afin de se garder un maximum d’options. La publicité et la communication commencent à l’intéresser, elle se spécialise donc en marketing et, une fois diplômée, est recrutée par une petite agence. « J’y suis restée huit merveilleuses années, j’adorais l’ambiance, c’était une vraie famille. J’ai navigué de poste en poste puis, un beau jour, je me suis dit qu’il fallait que je prenne mon envol » raconte Pépée. Elle est alors approchée par un groupe de presse qui l’embauche en tant que responsable éditoriale chargée de la réalisation de magazines diffusés dans les vidéoclubs. « J’ai découvert une rédaction avec des graphistes, des journalistes, un environnement très créatif. Mais quand on me demandait quel était mon métier, j’avais du mal à répondre : ni tout à fait journaliste, ni tout à fait marketing, ni tout à fait créatif, mais un peu tout cela à la fois. Un job en or certes, mais dans lequel je me suis ennuyée à la longue. Cette expérience a tout de même duré huit ans, car pour des raisons personnelles je ne pouvais pas me permettre de bouger. Puis, les vidéoclubs ont entamé leur déclin et je suis passée par la case licenciement économique. J’avais 38 ans et je me suis dit que c’était un vrai tournant dans ma vie, qu’il fallait que j’en profite pour me former à autre chose » se souvient-elle. Pépée se rêve alors éditrice de livres, un métier qui la tente très fort mais une idée qu’elle abandonne assez vite, par peur de la précarité. Dans le prolongement de ce qu’elle avait fait dans la presse, version papier, elle opte finalement pour une formation de cinq mois afin de devenir responsable éditoriale de site web. « Je n’étais pas très convaincue mais c’était rassurant, raisonnable. J’ai ensuite trouvé un stage qui ne m’a pas plu, suivi d’un CDD de six mois où c’était encore pire » précise-t-elle. Pour se remettre de ces déconvenues, elle donne alors un coup de main à des amis journalistes qui montent une chaîne de télé sur le vin, en mettant à jour leur site et leur blog durant quelques semaines. L’ambiance est très sympa mais, décidément, ce métier ne la passionne pas. C’est là que germe en elle l’idée de créer son propre blog où elle pourra mettre à profit ses compétences éditoriales et web.

« Le déclic ? La création de mon blog »

casino2« La naissance de mon blog a constitué un déclic. Je me suis écoutée, je me suis fait confiance, j’ai lâché prise. Le premier jour, je n’ai rien écrit mais j’ai publié un petit dessin humoristique fait avec le pavé tactile de mon ordinateur. Le deuxième jour, pas plus de texte mais un deuxième dessin humoristique autour du web. Puis trois dessins, quatre dessins. Ils étaient moches, mais si beaux à mes yeux, et surtout drôles… enfin je trouvais. Je me sentais bien, le dessin m’apportait une énergie fabuleuse et totalement nouvelle. Curieusement, alors que je n’avais a priori aucune légitimité sur ce domaine que je n’avais pas étudié, je n’ai pas une seule fois douté de la voie que j’empruntais. Je me sentais illustratrice, sans avoir l’impression d’usurper une quelconque place. C’était mon nouveau métier et je trouvais qu’il me correspondait » relate Pépée. Elle dessine alors tous les jours et publie sans complexe, des choses qui la font sourire aujourd’hui. Au bout de six mois, elle croise le chemin de Marcella, auteure et écrivaine, qui craque tout de suite pour son trait et devient sa moitié artistique. Toutes deux décident de s’associer et de vendre leurs créations communes à des marques. « Nous avons commencé par des couvertures d’agendas, puis ce fut une collection de linge de maison et de déco pour un hypermarché. Nous avons aussi monté toutes les deux un projet, baptisé ‘’Paris me’’, avec une série de toiles exposées dans des lieux chics parisiens, associée à l’édition de monoprixcartes postales et magnets. Ce projet a fait des petits : une collection (déco et prêt à porter) pour Monoprix, un livre qui vient de sortir, ‘’Le Paris me des kids’’ aux Editions les Carnets du Dessert de Lune, des agendas et du petit matériel de carterie en préparation chez Quo Vadis pour 2015 et 2016, une collection de layette courant 2014… Bref, nos « Paris me »  s’envolent comme vibrent nos cœurs ! » ajoute-t-elle. Avec le recul, Pépée reconnaît que, si les choses se sont enchaînées naturellement avec cette belle rencontre professionnelle, à la base elle s’est surtout donné la chance d’aller vers ce nouveau métier, sans se censurer. Elle est également consciente qu’elle n’aurait pas pu faire ce grand saut sans le soutien de son compagnon, qui l’a encouragée alors que la voie qu’elle empruntait était financièrement peu sécurisante… « Aujourd’hui, je me fais confiance, pour la première fois. Quand j’ai annoncé mon virage à mes proches, j’ai senti beaucoup de bienveillance de leur part, même de la fierté… Et si cela marche moins bien un jour, je crois en ma capacité de rebondir. Je ne veux pas me priver de ce bonheur, je goûte tout le plaisir de cette passion que je n’ai pas connue dans ma jeunesse. Pour la suite, on verra bien ! ».

« Je ne pense pas pouvoir un jour me lasser de dessiner »

fichier couv.inddEtre enfin en adéquation avec son métier, se sentir illustratrice, c’est un cadeau que Pépée apprécie à sa juste valeur, consciente que le dessin lui offre une place que tous ses diplômes n’avaient pas été capables de lui donner.  « Avec Marcella, nous sommes complémentaires : elle est la communicante du binôme. Elle écrit, moi pas, je dessine, elle non. A moi l’aspect technique de nos productions, les déclinaisons web et réseaux sociaux, à elle les contacts commerciaux. Ma formation précédente me sert aujourd’hui dans les nombreux blogs que nous faisons vivre, un par projet, je suis devenue une accro du blogging ! » Sur le fond, Pépée n’a plus envie de changer de voie et ne pense pas pouvoir se lasser de dessiner. Son souhait ? Continuer, décliner ses créations sur des objets du quotidien, des vêtements et même des livres, de plus en plus de livres… Si on la sollicite pour un conseil sur le changement de vie ou la reconversion, elle dit avoir du mal à formuler les choses : « Il faut croire en soi, lâcher prise sur ses certitudes, être confiant sur sa capacité de rebond si ça ne fonctionne pas, être positif et aimer ce que l’on fait. C’est en réunissant ces conditions que les choses « prennent ». Notre chemin n’est pas forcément celui qu’on croit, celui qu’on dessine à l’avance. Jamais je n’aurais imaginé faire ce métier il y encore quelques années, mes rêves ou ambitions étaient autres. Alors que, finalement, je suis tellement bien là où j’en suis aujourd’hui ! Il faut être ouvert à la découverte et non en avoir peur. Aujourd’hui, je ne me dis pas que beaucoup d’illustrateurs dessinent mieux que moi (c’est pourtant le cas) : je me dis juste qu’ils ne dessinent pas ce que moi je dessine ! Alors, j’ai ma place à moi, quelque chose de personnel à dire. Comme le disait si bien Oscar Wilde : ‘’Soyez vous-même, les autres sont déjà pris’’. Alors je m’y applique, au quotidien. Pour me ressourcer, je pratique le yoga. Bien plus qu’une activité, c’est un mode de vie et de pensée, qui m’entraîne à être plus ouverte, à me concentrer sur des valeurs positives » ajoute Pépée. Son énergie ? Elle vient de l’intérieur et de la création. Son crédo ? « Une bonne journée est une journée où je dessine ». Tout est dit. 

bannière FB by pépée printemps

Retrouvez Pépée sur son blog : http://manetattitude.wordpress.com/
Ou sur son site : http://www.bypepee.com
Le projet Paris me http://parismeleblog.wordpress.com/
Le site de Marcella www.bureaudemarcella.com

Texte Corinne Martin-Rozès
— Texte et images ne sont pas libres de droit —



Catégories :Parcours atypique

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1 réponse

    Rétroliens

    1. Un petit bout de (ma) vie ;-) | Ma Net Attitude by Pépée

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